#Europe
La Commission européenne a présenté fin janvier son plan d’action pour la croissance et ses priorités pour les cinq prochaines années, qui doivent permettre à l’Union européenne de combler son retard économique par rapport aux Etats-Unis et à la Chine.
«C’est un business plan» a déclaré Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne en charge de la stratégie industrielle.
La raison? L’Europe est en décrochage économique sévère: en vingt ans, le revenu disponible par habitant y a diminué deux fois plus qu’aux Etats-Unis. Dans un rapport présenté en septembre dernier, l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, avait lancé un cri d’alarme, estimant que si l’Union européenne (UE) ne changeait pas sa politique économique, elle serait condamnée à «une lente agonie». Un avertissement entendu par la nouvelle Commission en place depuis le 1er décembre. Celle-ci a présenté le 29 janvier son plan d’action, intitulé Boussole pour la compétitivité, qui devrait permettre à l’UE de renouer avec la croissance. Ce plan comprend trois axes: il vise à favoriser l’innovation et la décarbonation et à renforcer la sécurité énergétique. Pour rendre l’Europe plus compétitive, la Commission veut en premier lieu miser sur l’innovation, comme le préconise le rapport Draghi. «Nous voulons créer un environnement favorable aux start-up innovantes, promouvoir la primauté industrielle dans les secteurs à forte croissance fondés sur des technologies de rupture et encourager la diffusion des technologies au sein des entreprises et des PME.» La Commission proposera notamment de créer un régime juridique européen unique qui simplifiera les règles en matière de droit des sociétés, du travail et de la fiscalité. D’autres initiatives sont sur la table, pour l’intelligence artificielle, les technologies quantiques, la biotechnologie, la robotique et la technologie spatiale.
Simplification administrative
Avant tout, la Commission veut alléger les contraintes réglementaires et administratives afin de rendre les procédures «plus simples, plus rapides et moins lourdes». Fin février, elle devrait ainsi présenter la proposition Omnibus, qui simplifiera la publication d’informations en matière de durabilité, de devoir de vigilance et de taxinomie verte. L’objectif est de réduire d’au moins 25% la charge administrative qui pèse sur les entreprises et de 35% celle qui pèse sur les PME. Un projet salué par le patronat.
Cap vers la décarbonation maintenu
Ce «choc de simplification» ne devrait pas se faire au détriment des objectifs climatiques de l’UE, assure la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. L’UE maintiendra le cap vers la décarbonation tel que fixé par le Pacte vert, «tout en étant flexible et pragmatique», nuance la présidente. Les politiques de décarbonation doivent être vues comme des opportunités pour doper la croissance: l’UE veut désormais combiner le Pacte vert avec un pacte pour l’industrie propre.
Enfin, troisième axe, la sécurité énergétique. L’une des principales préoccupations des Européens est de pouvoir disposer d’énergie à un prix abordable. Cela se fera par la réduction de la dépendance aux importations d’énergie fossile, par le développement des énergies renouvelables et l’électrification et par la diversification des chaînes d’approvisionnement. Le plan prévoit notamment la création d’une plateforme pour l’achat en commun de matières premières stratégiques. Il envisage également l’introduction d’une «préférence européenne dans les marchés publics» pour certaines technologies critiques.
Financement
Ce plan d’action permettra-t-il d’enrayer le décrochage de l’économie européenne? Il est ambitieux, mais son point faible est le flou concernant son financement. Dans son rapport, Mario Draghi chiffrait les besoins en investissements entre 750 et 800 milliards d’euros par an jusqu’en 2030. Une somme colossale. Les Européens ne manquent pas d’épargne, mais ils investissent surtout en dehors de l’UE. Comment cet argent pourrait-il rester en Europe? En mettant en place un marché des capitaux «efficient», répond la Commission, qui propose de relancer le projet en créant de nouveaux produits d’épargne et d’investissements. Mais les Vingt-Sept en discutent depuis quinze ans sans parvenir à un accord. Quant à un éventuel financement en commun des Etats membres, la présidente l’exclut, se contentant d’annoncer la création d’un fonds pour la compétitivité dans le prochain budget. Sans plus de précisions, car le sujet divise les Etats membres.
Lors de la précédente législature, l’accent avait été mis sur le Pacte vert. Pour les cinq prochaines années, la compétitivité sera au centre des priorités européennes. Le défi est immense. La Commission propose une feuille de route. Reste à voir si les Vingt-Sept voudront la suivre.
En autorisant les services tiers, vous acceptez le dépôt et la lecture
de cookies et l'utilisation de technologies de suivi nécessaires à leur
bon fonctionnement. Voir notre politique de confidentialité.