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Web 3.0, l’internet du futur

Mirel Bran De Bucarest Publié vendredi 21 janvier 2022

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Si un jour on voyait quelqu’un rouler à vélo dans l’air on croirait voir un extraterrestre. La raison de cette perception est évidente: pour rouler en vélo, on a besoin d’une piste tangible.

Toutes les formes de notre existence - matière, énergie, information - nécessitent un support pour se déplacer d’un point A à un point B. On a besoin d’une piste pour se déplacer à vélo et d’un câble pour transporter l’énergie électrique depuis la centrale de notre fournisseur jusqu’à l’ampoule de notre salon. Tout comme la matière et l’énergie, l’information a besoin d’un support pour circuler de A à B. Ce support, c’est l’infrastructure qui nous permet de nous connecter.

Dans le monde matériel, la piste du vélo est son infrastructure. Dans l’univers de l’énergie, l’infrastructure, c’est le câble électrique, alors que dans l’univers informatique, l’infrastructure est l’internet. Sa première forme - ARPANET - est née dans les années 1960 dans les laboratoires militaires américains et a migré dans le monde civil grâce au protocole TCP/IP (Transmission Control Program/Internet Protocol).

Lorsqu’une nouvelle technologie apparaît, elle utilise une infrastructure qui existe déjà. Les premières voitures motorisées ont d’abord circulé sur les routes des calèches avec chevaux parce qu’il n’y en avait pas d’autres. Peu à peu, le réseau routier des voitures motorisées a remplacé celui des calèches. A partir de là, ce sont les calèches qui ont circulé sur le réseau routier des voitures. La nouvelle technologie a pratiquement supprimé l’ancienne infrastructure et en a fait une annexe. La technologie de l’internet a suivi le même chemin. N’ayant pas d’infrastructure propre, elle a utilisé celle qu’elle a trouvé: le réseau de la téléphonie fixe. Au début de l’internet on devait brancher nos ordinateurs à un modem connecté sur la ligne du téléphone. L’internet a évolué et s’est doté d’un réseau fait de fibre optique. En l’espace de quelques années, le rapport s’est inversé: l’internet a quiAtté l’infrastructure téléphonique et le téléphone a déménagé sur internet. Les réseaux téléphoniques sont devenus une annexe de la nouvelle infrastructure de l’internet.

C’est la magie des nouvelles technologies: elles utilisent l’infrastructure qu’elles trouvent sur le marché jusqu’à ce qu’elles l’avalent et la transforment en une annexe de l’infrastructure qu’elles développent.

La nouvelle technologie de la blockchain suit le même cheminement. Elle est basée sur l’actuelle infrastructure de l’internet, mais en évoluant elle a commencé à la grignoter. Bientôt, l’internet sera un détail dans l’univers décentralisé de la blockchain. Dans les années 1990, nous avons eu accès au web 1.0, à savoir une collection de sources d’information auxquelles nous accédions via nos ordinateurs. Nous pouvions lire ces informations sur les sites rudimentaires de l’époque. Les années 2000 ont été les années du web 2.0, un réseau plus performant qui nous a permis de nous connecter les uns aux autres et d’échanger des informations grâce aux serveurs géants des nouvelles plateformes digitales: Facebook, Google, Airbnb, Uber, etc. Chaque fois que nous nous connectons avec des amis sur Facebook, par exemple, nous sommes obligés de transiter sur les serveurs de Mark Zuckerberg, qui monnaie nos données personnelles. Une affaire évaluée à 932 milliards de dollars en 2021.

Les années 2010 ont changé la donne avec l’arrivée du web 3.0, qui nous a projetés dans un autre paradigme de la technologie. Avec le web 3.0, nous aurons accès à des applications décentralisées qui n’ont plus besoin d’un grand serveur pour stocker et faire transiter l’information. Le serveur est remplacé par des nœuds de réseaux nés de la connexion entre les ordinateurs des utilisateurs. Pas de serveur, pas de Mark Zuckerberg, les revenus générés par l’application sont versés automatiquement aux utilisateurs.

Le web 3.0 ouvre la porte d’un monde nouveau qui se manifeste déjà dans l’univers des jeux. Avec le web 1.0, il fallait payer un jeu auquel on jouait tout seul sur son ordinateur. Le web 2.0 a permis à plusieurs joueurs de se connecter sur internet et de jouer ensemble. Il faut toujours payer l’accès au jeu, mais c’est plus amusant quand on joue à plusieurs. Avec le web 3.0 et les nouvelles technologies de la blockchain et des NFT (non fungible token) la donne change radicalement: l’accès au jeu est gratuit et on est payé pour jouer. Le jeu Axie Infinity a été lancé en novembre 2020 et la valeur de sa monnaie digitale AXS n’était que 12 centimes de dollar. Un an plus tard, un AXS valait 164 dollars et pouvait être échangé à tout moment en euros, en dollars ou autres devises fortes. En mai 2021, John Aaron Ramos, un jeune Philippin de 22 ans, achetait deux maisons avec l’argent gagné grâce à Axie Infinity. D’un bout à l’autre de l’Asie et de l’Afrique, les jeux proposés par le web 3.0 sont devenus une source de revenus qui dépasse de loin les salaires moyens dans ces pays.

Les jeux du web 3.0 ne sont que le début d’une nouvelle étape technologique qui est en train de changer la donne. Suivent les finances avec les applications de finances décentralisées (DEFI - decentralized finance) qui offrent des taux d’intérêt dix fois supérieurs à ceux offerts par les banques. Après les jeux et les finances, le web 3.0, l’internet du futur, nous ouvrira les portes des métavers, où nous serons invités à déménager une bonne partie de nos vies. Nos enfants y sont déjà.

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