«Il faut un médecin-dentiste cantonal»

Le canton ne dispose pas d’un registre à jour des dentistes.
Le canton ne dispose pas d’un registre à jour des dentistes.
Pierre Cormon
Publié jeudi 13 mars 2025
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#Genève L’association faîtière des médecins-dentistes soutient la création d’un poste de médecin-dentiste cantonal.

Faut-il créer un poste de médecin-dentiste cantonal à Genève, comme il en existe dans presque tous les autres cantons? La question est actuellement devant le Grand Conseil. Genève est l’un des derniers cantons à ne pas en disposer. Or, une initiative socialiste propose la création d’un tel poste, ainsi que d’autres mesures en matière d’hygiène bucco-dentaire1. Les députés discutent d’un contre-projet qui conserverait cette idée. L’avis de Hrvoje Jambrec, président de l’Association des médecins-dentistes de Genève (AMDG).

Que pense l’AMDG de l’idée de créer un poste de médecin-dentiste cantonal?

Nous y sommes favorables. Genève dispose d’un excellent dispositif de prise en charge des soins dentaires des personnes défavorisées, avec les prestations complémentaires, l’Hospice général, le service dentaire scolaire, la Croix-Rouge genevoise, le Point d’eau, des fondations privées, etc. Chaque structure fait un travail remarquable, mais il n’y a pas de lien entre elles. Il manque quelqu’un pour identifier les points forts et les points faibles, les populations qui passent entre les mailles du système et améliorer le dispositif. Ce serait l’une des tâches d’un médecin-dentiste cantonal.

Quelles seraient ses autres missions?

Tenir à jour le registre des droits de pratique. Quand un problème concernant la profession se présente, personne n’est en mesure d’avertir tous les médecins-dentistes du canton. Lors de la pandémie, le médecin cantonal s’est adressé à nous pour diffuser les informations utiles à tous les cabinets. L’AMDG ne groupe cependant qu’environ la moitié d’entre eux. Nous ne connaissons pas les autres et n’avons pas les moyens de les atteindre. Le cas s’est de nouveau présenté en 2023, quand le canton a voulu diffuser de l’information sur le nouveau logiciel de prise en charge des soins des bénéficiaires des prestations complémentaires et de l’aide sociale. Puis en 2024, quand un problème dans le réseau d’eau potable l’a rendue impropre à la consommation. Et cette année, quand est entrée en vigueur une restructuration tarifaire des cas à la charge des assurances accident et militaire.

Le Registre des droits de pratique existe pourtant déjà; il est géré par le Service du médecin cantonal.

Oui, mais il n’est pas à jour. Le médecin cantonal fait ce qu’il peut avec les moyens dont il dispose, et la médecine dentaire n’est pas considérée comme une priorité de santé publique, ce que je peux comprendre. C’est pour cela que vingt-deux cantons sur vingt-six ont décidé d’instituer un médecin-dentiste cantonal, qui puisse se concentrer sur ce secteur. Un poste à temps partiel suffirait amplement. Sa création permettrait aussi de lutter contre certaines pratiques.

Qu’entendez-vous par là?

Avez-vous déjà vu un médecin faire de la publicité pour inciter les gens à faire des coloscopies à moitié prix? Non, évidemment, c’est impensable et interdit par la loi. Pourtant, des cabinets non membres de notre association font régulièrement des promotions pour des soins dentaires, avec des rabais, ce qui est tout aussi interdit. Nous transmettons régulièrement des cas au médecin cantonal, mais il ne se passe rien. Au final, ce sont les patients qui paient.

C’est-à-dire?

Nous recevons régulièrement des personnes qui se sont laisser tenter par ces offres. On leur propose ensuite un plan de traitement qui va bien plus loin – et qui excède souvent leurs besoins réels – ou qui est calculé avec des tarifs au-dessus de la moyenne. L’association faîtière a des règles qui préviennent ce genre de pratiques, mais les dentistes n’ont pas l’obligation d’y adhérer. Une autorité de surveillance serait donc très bénéfique. 

1 L’obligation pour le canton de présenter un plan de santé bucco-dentaire et la création de chèques de trois cents francs permettant aux plus défavorisés de recevoir des soins de prévention.

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