#Institut Florimont 120 ans
Reposant sur les piliers solides de la tradition, l’Institut Florimont cultive ses spécificités au sein du paysage éducatif genevois. La parole à Sean Power, son directeur général.
Quelle est la spécificité de l’Institut Florimont dans le paysage éducatif genevois?
Je dirais que c’est notre identité glocale: nous sommes une école avec des racines locales très fortes et en même temps nous accueillons des familles venues du monde entier. Cet équilibre est essentiel à nos yeux. Notre ancrage local se traduit notamment par des partenariats solides et durables – qu’ils soient académiques, sportifs, culturels, caritatifs ou institutionnels – avec des acteurs reconnus du canton. Ces collaborations de long terme participent activement à la vie genevoise.
En 120 ans, comment l’institut a-t-il su évoluer tout en préservant son identité?
Depuis sa fondation, Florimont poursuit la même mission: forger des esprits libres, exigeants et passionnés. Pour cela, nous avons toujours su innover sans renier nos fondamentaux. Si nous fêtons aujourd’hui cet anniversaire, c’est parce que nous avons su, à chaque étape de notre histoire, imaginer demain.
Quels moments ou valeurs clé ont-ils façonné l’histoire de l’établissement?
Nos valeurs – excellence, ouverture et solidarité – n’ont pas changé depuis la fondation de Florimont par les missionnaires de Saint François de Sales en 1905. Plusieurs moments ont marqué notre histoire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Pères sont entrés dans la Résistance. Dans un autre registre, le Père Luyet, professeur à Florimont dans les années 1930 et pionnier de la cryobiologie, a influencé les travaux de Jacques Dubochet, prix Nobel de chimie 2017. Sur le plan sociologique, le passage à la mixité dans les années 1950 – novateur pour l’époque –, l’ouverture de l’école maternelle en 1996 ou la fondation du club d’escrime en 2001 figurent parmi les jalons importants. Plus récemment, nous avons introduit l’enseignement du mandarin en 2005, le baccalauréat international en 2014, la filière Art/Sport en 2020. Nous avions déjà ouvert la voie dès 1943 avec la maturité suisse.
Quels sont, selon vous, les atouts majeurs de Florimont pour les familles?
Au-delà de l’excellence académique, nos atouts résident dans notre approche personnalisée et pragmatique de l’enseignement, la qualité de l’encadrement et la richesse de nos partenariats. Nous sommes également fiers de proposer les trois diplômes majeurs que sont la maturité gymnasiale, le baccalauréat français et le baccalauréat international. Sur le plan pédagogique, nous privilégions l’équilibre entre exigence et bienveillance afin d’offrir bien plus qu’un enseignement d’excellence: un cadre structurant où chacun est invité à donner le meilleur de lui-même. Dès les petites classes, nous insistons sur les savoirs essentiels pour doter les élèves d’une solide connaissance intellectuelle. Ainsi préparés, ils acquièrent ensuite les compétences nécessaires pour affronter les défis contemporains.
Qui est à la manœuvre?
En première ligne, ce sont nos équipes. La vie scolaire constitue un département à part entière et nous pouvons compter sur une communauté éducative engagée dans la réussite des élèves. Notre service d’orientation, composé de six profils complémentaires, offre un accompagnement personnalisé avant et après le secondaire, jusqu’à l’université. Enfin, je tiens à saluer la communauté florimontaine au sens large - parents, association des parents d’élèves, alumni, amis de l’institut - qui participe chaque jour à la vie de l’école. Leur engagement est précieux, comme l’a encore montré la mobilisation exceptionnelle lors des célébrations de nos 120 ans.
Quelle place accordez-vous à l’art et au sport, et comment vos partenariats enrichissent-ils ces dimensions?
Le lancement de notre filière Art/Sport en 2020 et de notre saison culturelle en 2022 illustre bien nos priorités. L’art et le sport sont au cœur de notre projet éducatif: ils contribuent à l’épanouissement, à la discipline et à la créativité. Nous collaborons avec des partenaires d’exception: le Genève-Servette Hockey Club, le Servette FC, le Gonet Geneva Open ou l’Hôpital de la Tour pour le sport, et avec l’Orchestre de la Suisse Romande, le MAMCO, la haute école de musique, le Musée Ariana, le Festival Antigel ou la Société de lecture pour la culture.
Où Florimont puise-t-il sa force pour se projeter dans l’avenir?
Nos élèves sont notre raison d’être. Leur curiosité, leur empathie et leur engagement nous inspirent. À nous de les accompagner pour qu’ils développent à la fois leurs compétences académiques et humaines afin de se construire comme individus dans un monde en mutation.
Comment l’établissement intègre-t-il les nouvelles technologies, en particulier l’intelligence artificielle?
Nous considérons l’intelligence artificielle comme une opportunité. Nous avons créé une cellule d’innovation, de recherche et de développement à la fois laboratoire d’idées et pôle de formation. Elle se consacre notamment à l’intégration raisonnée de l’intelligence artificielle dans les pratiques pédagogiques, mais aussi à des thématiques telles que la personnalisation des parcours éducatifs ou le multilinguisme. Nous avons également aménagé des espaces dédiés, comme le FabLab, qui permet aux élèves de s’immerger dans les domaines STEAM (science, technology, engineering, art, mathematics). Notre engagement en faveur des disciplines scientifiques a d’ailleurs été reconnu par le label MINT, décerné par l’Académie suisse des sciences naturelles.
Dans un contexte global incertain, quelle mission fondamentale guide Florimont?
Garder le cap. Florimont a ouvert ses portes en 1905 dans un contexte déjà instable, marqué par la séparation de l’Église et de l’État. L’institut a traversé deux guerres mondiales, des crises économiques et, plus récemment, la pandémie de covid. Nous avons toujours su répondre aux soubresauts du monde en restant fidèles à nos valeurs fondatrices.
En tant que président de l’Association des écoles privées genevoises, comment décririez-vous la force de ce réseau dans une place internationale comme Genève?
Genève bénéficie d’un écosystème éducatif remarquable, fondé sur la complémentarité entre écoles publiques et privées. Cette pluralité constitue une véritable force pour le canton et un atout majeur pour son attractivité internationale. Nous partageons tous la même ambition: offrir à chaque élève les meilleures conditions d’apprentissage et d’épanouissement. Aujourd’hui, environ 17% des élèves du canton fréquentent une école privée, preuve d’un tissu éducatif dynamique et diversifié.
Les écoles privées sont-elles une alternative ou un complément à l’enseignement public?
Nous sommes complémentaires, mais aussi des acteurs à part entière. Certaines écoles privées offrent des parcours spécifiques, parfois absents de l’offre publique. D’autres attirent des familles séduites par un projet pédagogique particulier, un encadrement plus personnalisé ou une plus grande diversité de diplômes. Cette liberté de choix renforce l’attractivité et la qualité globale du système éducatif genevois.
Quel message souhaitez-vous adresser pour conclure?
Plus que jamais, notre mission consiste à innover tout en restant fidèles aux fondamentaux qui façonnent l’identité de Florimont. Dans un monde en mutation rapide, marqué par la technologie et les bouleversements sociétaux, il est essentiel de préserver ce qui fonde l’humain: le respect, la solidarité, la curiosité et le sens critique. Nos élèves évolueront dans un univers dominé par l’intelligence artificielle, les mutations économiques et les changements globaux. Nous devons donc leur transmettre non seulement des connaissances, mais aussi des repères et la capacité à exercer leur discernement. Notre ambition est de former de futures femmes et futurs hommes curieux, résilients et ouverts au monde, capables de s’adapter sans renoncer à leurs convictions. Un élève épanoui apprend mieux, réfléchit mieux et devient un citoyen plus engagé. En somme, il s’agit de leur donner les clés pour comprendre et affronter le monde en pleine transformation, avec confiance, lucidité et humanité.
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