Les jeunes légèrement pénalisés par le salaire minimum
Pierre Cormon
Publié lundi 07 octobre 2024
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#Salaire minimum Le salaire minimum genevois a globalement peu d’effet sur le parcours des chômeurs. Il bénéficie cependant légèrement aux femmes et pénalise un peu les jeunes.
L’introduction du salaire minimum à Genève, en novembre 2020, a globalement eu peu d’effet sur le parcours des chômeurs. C’est ce qu’a montré une étude menée par l’Institut de recherches appliquées en économie et gestion1, sur mandat du canton.
Des effets modérés se manifestent cependant sur certaines catégories.
Les femmes sont globalement restées légèrement moins longtemps au chômage avant de retrouver un emploi. Cela vient sans doute du fait qu’elles sont surreprésentées dans les bas salaires. «Si on vous propose un emploi pénible avec un bas salaire dont une partie sera dépensée en frais de garde, ce n’est pas incitatif», estime Davide de Filippo, président de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS). «Un meilleur salaire peut changer votre appréciation.»
Les chômeurs de 18 à 25 ans ont en revanche été un peu moins nombreux à retrouver un emploi. «Il s’agit d’un risque contre lequel nous avions mis en garde», précise Pierre-Alain L’Hôte, président de l’Union des associations patronales genevoises (UAPG, dont la FER Genève fait partie et assure le secrétariat). La productivité de certains jeunes peu formés et sans expérience ne correspond en effet pas forcément au salaire minimum.
Parmi les chômeurs les moins bien formés dans cette tranche d’âge, une part plus élevée a cessé d’émarger au chômage sans qu’on ne sache ce qu’ils sont devenus. Ils ont peut-être été découragés par la plus grande difficulté à s’insérer sur le marché du travail. «L’une des hypothèses est qu’ils ont repris des études», avance José Ramirez, professeur à la Haute Ecole de gestion, l’un des auteurs de l’étude.
Une part plus élevée de chômeurs de 55 ans et plus est sortie du chômage sans avoir retrouvé d’emploi. «Il paraît surprenant que les travailleurs plus âgés subissent l’impact du salaire minimum, dans la mesure où ils ne devraient pas être à des niveaux de salaire de début de carrière», commente Pierre-Alain L’Hôte. On ne connaît pas encore la raison de ce phénomène. A noter que tous ces effets sont moindres que ceux qui découlent d’autres facteurs, comme l’âge, le sexe, la formation ou les différences structurelles entre cantons.
Plusieurs autres questions restent ouvertes. On ne sait notamment pas quel effet le salaire minimum a eu sur le niveau général des salaires, le travail au noir ou le recours à l’aide sociale (qui augmente chez les jeunes). La question des salaires sera examinée dans une étude ultérieure. Celle du travail au noir sera plus difficile à analyser, les données étant beaucoup plus lacunaires.
1 Une structure commune de l’Université de Genève et de la Haute école de gestion.
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