Occupation temporaire: une solution pour rentabiliser les immeubles vides
Pierre Cormon
Publié vendredi 10 juin 2022
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#Novac-Solutions Novac-Solutions (Novac pour no vacancy) propose d'exploiter des locaux vides de façon temporaire.
Si vous voulez séjourner à l’hôtel becozy Sihlcity, à Zurich, n’attendez pas trop longtemps. Bien que récemment ouvert, il ne sera plus là l’an prochain. Il s’agit d’un hôtel temporaire, un concept développé par l’entreprise zurichoise Novac-Solutions (Novac pour no vacancy). Les propriétaires immobiliers laissent souvent des locaux vides avant de les démolir ou de les rénover. Novac-Solutions leur propose de les exploiter de manière temporaire. Il peut s’agir d’hôtels, d’immeubles commerciaux ou de logements, voire de parkings. Rencontre avec Alexandros Tyropolis, fondateur de l’entreprise.
Comment l’idée de créer Novac- Solutions est-elle née?
J’ai financé mes études d’économie en analysant des rapports sur l’état du marché immobilier pour une entreprise du secteur. J’ai été frappé par la quantité de locaux laissés vides. Or, l’une des premières choses que l’on apprend, en économie, est la notion de coûts d’opportunité: en laissant ces locaux vides, les propriétaires perdent de l’argent, car ils auraient pu les rentabiliser.
Pourquoi le font-ils, alors?
Parce qu’ils pensent généralement à long terme. Quand ils ont décidé de rénover ou de détruire un immeuble, ils ne veulent plus y investir. Ils se disent par exemple: à quoi bon meubler un appartement pour ne le louer que six mois? Or, ils perdent bien plus d’argent en laissant un local vide que ne leur aurait coûté l’ameublement. Ils pensent aussi que personne ne sera intéressé à des locations de courte durée, alors qu’il existe une population pour cela: touristes, travailleurs nomades, expatriés ou étudiants. Enfin, s’occuper de petits travaux d’aménagement leur prendrait beaucoup trop de temps.
A-t-il été facile de leur faire accepter votre idée?
Le plus gros obstacle a été psychologique. Beaucoup de propriétaires associent l’occupation temporaire aux squats,. Ce que nous faisons n’a rien à voir. Nous offrons un service professionnel. Comment se passe une opération? Des propriétaires, notamment des banques et des assurances, nous transmettent la liste de leurs locaux vacants. Nous les examinons, déterminons ceux qu’il est possible d’exploiter, développons un concept, calculons ce qu’il peut rapporter dans le meilleur et dans le pire des cas et faisons une proposition au propriétaire. Dans environ 50% des cas, cela débouche sur un contrat temporaire.
Quelles sont les conditions pour que cela fonctionne?
Nous ne travaillons qu’avec des immeubles entiers, qui doivent être techniquement intacts. Tout doit fonctionner. Les immeubles commerciaux doivent être disponibles pour au moins une année – nous sommes plus flexibles pour les logements. Nous devons pouvoir apporter une valeur ajoutée en développant un concept – nous ne sommes pas des courtiers.
Vous n’avez parfois qu’une année pour rentabiliser votre concept. Comment y arrivez-vous?
En étant très efficaces et pragmatiques. Nous travaillons dans un esprit start-up. Nous faisons tout à l’interne. Nos circuits de décisions sont très courts et nos processus très rapides. Nous avons par exemple développé le concept de becozy hotel en quatre semaines, pour l’ancien Swissôtel, à Oerlikon, et l’avons répliqué à Sihlcity, à Bâle et bientôt à Fribourg. D’autres établissements suivront, au gré des occasions. Les services sont réduits au strict nécessaire – le check-in, par exemple, est automatisé et nous réutilisons le mobilier d’une occupation temporaire à une autre.
Les propriétaires vous accordent-ils des loyers plus favorables?
Le modèle ne fonctionne pas comme cela. Nous permettons aux propriétaires de gagner de l’argent avec un immeuble au lieu d’en perdre. Nous les rémunérons donc avec une part du chiffre d’affaires réalisé grâce à l’occupation temporaire.
Combien de personnes logez-vous de la sorte?
Environ deux mille, dans mille deux cents logements, ainsi qu’environ trente mille hôtes par année dans nos hôtels. Nous proposons aussi cent mille mètres carrés de surfaces de bureaux. Le potentiel est encore énorme: il y a officiellement septante-deux mille logements vides en Suisse, et sans doute encore bien plus.
Pensez-vous étendre vos activités à la Suisse romande?
Nous proposons déjà des logements à Genève et allons ouvrir un hôtel becozy à Fribourg. Nous sommes ouverts à toutes les propositions.
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