#Interview Zoom sur les défis que connaît la juridiction avec Giovanna Lembo, présidente du TPH et responsable du pôle paritaire de la FER Genève.
Genève est le seul canton de Suisse à maintenir un TPH avec des magistrats laïcs, tant pour les juges que pour les présidents. Pourquoi ce choix?
C’est un choix politique qui appartient à chaque canton. A Genève, le peuple a fait le choix de confier les litiges en lien avec le droit du travail à des personnes issues du monde du travail et on a confiance en ce choix. Les justiciables sont reçus par des professionnels du métier dans lequel ils exercent. C’est une vraie justice de pairs.
Comment se prend la décision entre le président et les juges assesseurs?
C’est une décision collégiale, nous délibérons après les plaidoiries, très souvent à l’unanimité. Le président n’a pas plus de voix que les autres. On arrive toujours à trouver un consensus, même lorsque nous sommes deux contre un.
Quels sont les domaines dans lesquels vous observez une sur-représentation des litiges?
Le paiement des salaires, les licenciements abusifs, le burn-out des employés. Nous observons également de plus en plus d’affaires en lien avec la loi sur l’égalité entre femmes et hommes.
La durée des procédures ordinaires est inférieure à deux ans dans 80% des cas, celle des procédures simplifiées inférieure à un an dans la même proportion. Pourquoi est-ce si long?
Chaque année, la durée des procédures a tendance à augmenter pour plusieurs raisons. Le respect du droit d’être entendu, qui garantit à chaque partie la possibilité de se déterminer sur chaque allégué avancé par la partie adverse, en est une. Les demandes de prolongations de délais quasiment systématiques des avocats en est une autre. Les affaires deviennent de plus en plus complexes également.
Le recrutement des juges prud’hommes peut-il s’avérer ardu en raison des horaires des cours et des audiences?
Oui, en effet. Heureusement, le TPH a pu compter sur les partenaires sociaux que sont la Communauté genevoise d’action syndicale et l’Union des associations patronales genevoises pour promouvoir la fonction.
Comment?
Nous avons réalisé un grand travail d’information, tant du côté des employeurs que de celui des syndicats. Il est cependant moins difficile de recruter des juges employeurs, qui ont généralement des profils universitaires et plus de flexibilité dans l’organisation et au niveau des horaires.
Pourquoi «Prud’hommes?»
Le terme prud’homme, ou prudhomme, apparaît au XIème siècle et se décompose ainsi: les termes «prode» ou «preux», qui proviennent de l’ancien français, et le terme «homme». Prud’homme prend sa racine dans le verbe latin «prodesse», qui signifie être utile. Le preux homme ou prode homme, au Moyen-Âge, est un valeureux et prudent conseiller.
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