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ChatGPT, un «copain» qui coûte cher

Véronique Kämpfen Publié lundi 30 juin 2025

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«J’ai demandé à mon copain Chat GPT pourquoi il est si difficile de construire des relations amoureuses sur le long terme», me disait quelqu’un l’autre jour. «Il m’a donné plein de réponses intéressantes.» Ce témoignage m’a laissée songeuse. Pour quelle utilisation les intelligences artificielles (IA) ont-elles été créées? Pour aider les humains à accomplir des tâches difficiles, complexes, répétitives ou pour avoir un soi-disant ami à nos côtés dans nos vies? Utiliser l’IA n’est pas neutre. Elle a un fort impact environnemental. Depuis 2022, année de lancement de ChatGPT aux Etats-Unis, le nombre de centres de données liés à son utilisation a augmenté de 25%. En Suisse, ces centres représentent 7% de la consommation d’énergie du pays. D’ici à 2030, ce pourcentage se montera à 10% ou 15%, soit la production d’une centrale nucléaire. Greenpeace alerte sur un décuplement de l’énergie nécessaire à l’IA d’ici à 2030 au niveau mondial. Un peu moins alarmiste, un groupe d’experts en Suisse anticipe un doublement de la consommation d’énergie sur cette même période. Quel que soit le pronostic qui s’avérera juste, il sera difficile de répondre à ce besoin à l’heure où le démantèlement des centrales nucléaires est programmé et où les énergies renouvelables n’ont pas encore suffisamment pris le relais. Meta, qui vient de d’acheter la production de toute une centrale nucléaire pour faire fonctionner son cloud, Microsoft, qui vient de faire en sorte que la production d’une vieille centrale nucléaire en Pennsylvanie soit remise en fonction et Google disent pourtant gérer leurs centres de données de manière durable, notamment par le biais de l’utilisation de la chaleur produite pour chauffer des ménages. Leurs détracteurs les accusent de ralentir la transition écologique en ayant recours au charbon et au gaz pour faire fonctionner leurs systèmes. En plus de cette critique environnementale, certaines études tendent à montrer une perte des capacités cognitives des utilisateurs d’IA. Cela viendrait du fait que l’apprentissage, qui permet la construction d’un raisonnement et la mise en place de nouvelles connexions cérébrales, n’a plus lieu avec l’utilisation d’une forte aide externe comme celle de l’IA. Deux visions de l’avenir s’affrontent. La première, pessimiste, d’un monde rempli d’individus abrutis par l’IA et courant à leur perte à cause des dommages causés par ces outils à l’environnement et la deuxième, promesse de lendemains qui chantent en raison d’une capacité de production augmentée et la libération de tâches répétitives grâce à l’IA. A nous d’emprunter une troisième voie, celle d’une utilisation mesurée de l’IA là où elle nous apporte réellement une plus-value, tout en ayant la force de renoncer à l’utiliser pour tout et pour rien, par respect pour l’environnement et... pour notre cerveau.