J’ai la chance d’être entourée d’une équipe très diversifiée en âges, allant de 15 à 62 ans. Toutes les générations sont bien représentées, de la fameuse génération Z née après 1995, dont on dit qu’elle ne veut plus travailler, à celle des baby-boomers, connue pour ne changer que très peu d’employeur. Les profils de mes collaborateurs battent pourtant ces clichés en brèche: ma collaboratrice la plus âgée a été engagée il y a quatre ans, ayant fait le choix de quitter son ancienne entreprise pour cause, notamment, de divergences de valeurs, et les moins de 30 ans de l’équipe sont de gros bosseurs.
La supposée paresse des jeunes vient d’ailleurs d’être réfutée par une toute récente étude qui corrobore mes propres observations: les 20 à 24 ans sont très actifs. Ils sont 78% à travailler en Suisse, un chiffre stable. Même les étudiants à temps plein sont 42% à avoir une activité rémunérée. Les actifs en Suisse entre 15 et 64 ans avaient un taux global d’activité de 84,1% en 2023, contre 80% en 1996. C’est surtout la participation accrue des femmes au marché du travail qui a contribué à cette augmentation: elles étaient 70,1% à travailler en 1996 contre 80,4% en 2023. Le facteur clé de l’intégration sur le marché du travail est le niveau de formation. En 2023, le taux d’occupation des 25 à 64 ans était de 73,1% pour les personnes sans qualification après l’école obligatoire, de 86,5% pour celles avec un niveau de formation secondaire (maturité, apprentissage) et de 92,4% pour celles avec un niveau tertiaire (universités, hautes écoles). Les jeunes étant de mieux en mieux formés, leur intégration sur le marché augmente mécaniquement.
Dès lors, pourquoi ce sentiment que les jeunes sont moins travailleurs? Peut-être parce qu’ils questionnent davantage leurs tâches et qu’ils ne sont pas d’accord de se plier aux ordres parfois incompréhensibles de la hiérarchie. Leur haut niveau de qualification leur permet d’être mobiles sur le marché du travail, tout comme la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans de nombreux secteurs. Plus centrés sur eux-mêmes, à la recherche d’épanouissement et de formation continue, ils n’en demeurent pas moins soucieux de leur carrière et angoissés par la marche du monde. Cela en fait des caractères attachants, mais parfois plus complexes à appréhender au niveau managérial. Les jeunes ne travaillent pas moins qu’avant. Au lieu de critiquer cette génération montante, écoutons-la. Par son attitude un peu plus critique face au monde de l’entreprise et ses incohérences, mais aussi par son enthousiasme et sa force de travail, elle a beaucoup à nous apprendre.
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