Genève doit promouvoir le solaire de manière ciblée

Pierre Cormon Publié jeudi 24 avril 2025

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Faut-il imposer la pose de panneaux solaires sur toutes les constructions qui s’y prêtent et subventionner massivement ce déploiement? C’est ce que propose une initiative des Vert’libéraux. Trop rigide, ont estimé le Conseil d’Etat et la majorité du Grand Conseil. Ils lui ont opposé un contre-projet plus pragmatique. Les Genevois trancheront le 18 mai.
Les deux textes visent le même objectif. Ils veulent rendre obligatoire la pose de panneaux solaires, qu’ils soient destinés à produire de l’électricité ou de la chaleur. Les deux prévoient des aides financières. 
Les divergences portent sur le «comment».
Les initiants veulent notamment que le canton garantisse la reprise de l’électricité photovoltaïque à un prix minimal fixé d’année en année de manière à garantir que l’investissement soit amorti. 
Ce système a existé au niveau fédéral entre 2009 et 2017. Il a été abandonné. Il offrait une rente de situation aux propriétaires d’installations photovoltaïques, qui étaient incités à injecter le maximum de courant sur le réseau, qu’on en ait besoin ou pas, puisqu’ils bénéficiaient d’un prix de reprise garanti.
Or, la production d’électricité doit en tout temps être égale à la consommation, sans quoi le réseau risque l’effondrement. Contrairement à un barrage de montagne, une installation photovoltaïque ne produit pas quand on le lui demande, mais quand le soleil brille. Avec leur multiplication, il arrive de plus en plus souvent qu’elles injectent plus de courant sur le réseau que ce dont on a besoin. Les distributeurs doivent alors payer ceux qui acceptent de le reprendre – c’est ce qu’on appelle les prix négatifs.
Cette mauvaise incitation a été l’une des raisons qui ont conduit la Confédération à abandonner la rétribution à prix coûtant – un choix validé en votation populaire. Il a été remplacé par une rétribution unique pour l’installation de panneaux photovoltaïques. On est ainsi incité à accroître les capacités de production, pas à injecter un maximum de courant sur le réseau, que ce soit opportun ou pas. On peut le stocker pour le réinjecter lorsque l’on en a besoin ou le consommer soi-même.
L’initiative des Vert’libéraux ressusciterait donc un outil obsolète, que la Confédération a remplacé par un système plus performant. Le contre-projet propose une aide au financement plus ciblée, sous forme d’une caution solidaire. Elle soutiendrait les propriétaires installant des panneaux photovoltaïques, mais les responsabiliserait également.