Guy Parmelin: «Je suis la preuve que l’apprentissage fonctionne»
Des figures majeures du monde économique et politique sont venues à la FER Genève parler de la voie de l’apprentissage.
Steven Kakon
Publié vendredi 17 octobre 2025
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#Formation
Modèle envié à l’étranger, l’apprentissage peine à séduire en Suisse romande, notamment à Genève. Mentalités, manque de places dans les entreprises: les défis sont nombreux.
A Genève, seule une personne sur cinq opte pour l’apprentissage, contre près de deux tiers à l’échelle nationale. Ce contraste saisissant, relevé par Ivan Slatkine, président de la FER Genève, a donné le ton à la table ronde organisée le 10 octobre sur les atouts et les défis de cette filière.
Pourtant, le modèle suisse d’apprentissage est salué à l’international comme une référence. Alors, comment expliquer ce désintérêt? Et, surtout, comment rendre cette filière plus attractive? A l’initiative de l’association Femmes PME, des figures majeures du monde économique et politique sont venues en parler à la FER Genève.
En Suisse, l’apprentissage se distingue par sa perméabilité, permettant des réorientations tout au long de la carrière. Invité à l’événement, le Conseiller fédéral Guy Parmelin, chargé de l’économie, de la formation et de la recherche, agriculteur-viticulteur de formation, incarne lui-même la réussite de cette voie. «Je suis la preuve vivante que ça fonctionne», sourit-il, rappelant que «l’apprentissage n’est pas une voie de seconde zone». L’élu témoigne à quel point notre système est envié dans d’autres pays.
Mentalités
Problème: la filière ne connaît pas le même succès partout en Suisse. «Les cantons avec le plus faible taux de chômage sont ceux qui ont favorisé la voie duale», alternant école et travail en entreprise, souligne le Conseiller fédéral. Or, selon les dernières statistiques, Genève, qui a le taux d’apprentissage le plus bas de Suisse, connaît le taux de chômage le plus élevé (4,6%) après le Jura. Le frein principal? Les mentalités, notamment celles des parents. «Tu as bien travaillé à l’école, pourquoi tu ne veux pas aller à l’université?» Cette phrase, Guy Parmelin dit l’avoir souvent entendue. Elle révèle une hiérarchie implicite des filières, où l’université reste perçue comme la voie royale.
Forte employabilité
Pourtant, Anne Hiltpold, conseillère d’Etat chargée de l’instruction publique, rappelle que «l’apprentissage est la filière qui garantit la plus grande employabilité. Il permet de mettre un pied dans l’entreprise, tout en gagnant de l’argent». «L’apprentissage colle au plus près des besoins du marché», analyse Guy Parmelin. Les ordonnances d’apprentissage sont révisées environ tous les cinq ans pour s’adapter aux évolutions économiques. «Mais pour que cela fonctionne, il faut que l’économie joue le jeu», insiste-t-il.
A cet égard, la cheffe du Département de l’instruction publique pointe aussi les limites du système. «Il faut admettre que nous n’avons pas assez de places d’apprentissage.» En cause? Les entreprises évoquent la complexité d’accompagner les jeunes, dont certains se retrouvent parfois en situation de rupture. «Alors que les grandes entreprises ont des services d’accompagnement, les plus petites se trouvent parfois démunies», résume-t-elle.
Le défi est donc double: changer les mentalités et mobiliser les entreprises. Qui plus est, financièrement, pour l’employeur, «l’apprentissage est rentable après la première année», assure Cassandra Hogengarten, HR Business Partner à la Bâloise Assurance. «Il faut travailler avec les entreprises pour augmenter le nombre de places», insiste Anne Hiltpold, car «l’apprentissage ne doit pas être réservé aux jeunes en difficulté». Mais encore faut-il trouver des formateurs motivés, sachant qu’encadrer des apprentis demande de l’investissement. «Aujourd’hui, pour moi, le défi est là», ajoute Alfonso Gomez, maire de Genève.
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