Initiatives irréalistes, conséquences désastreuses

Catherine Lance Pasquier Publié mercredi 19 février 2025

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Il est de bon ton, actuellement, de proposer des initiatives populaires qui promettent des lendemains enchanteurs, avec des titres pompeux et pour le moins trompeurs destinés à masquer les véritables intentions de leurs auteurs. L’initiative pour la durabilité de l’UDC et celle pour l’avenir de la Jeunesse socialiste sont des exemples de cette tendance populiste qui se moque des conséquences négatives à long terme. Un comble pour des textes qui ambitionnent de façonner le futur du pays. 
L’initiative pour la durabilité vise à ce que la population résidante permanente de la Suisse ne dépasse pas dix millions de personnes d'ici à 2050. Au passage, elle prévoit de résilier l’accord sur la libre circulation des personnes, ce qui mettrait en péril l’édifice des accords bilatéraux avec l’Union européenne (UE), construit depuis plus de vingt ans. Sous couvert de prendre en considération des préoccupations légitimes concernant le logement, la mobilité ou l’aménagement du territoire, les initiants visent un objectif ultime: l’isolement de la Suisse, avec la détestation de l’UE en toile de fond. La hallebarde est d’ailleurs devenue l’accessoire à la mode dans les assemblées anti-européennes. Utiliser ce symbole des prouesses militaires suisses pour illustrer les relations entre notre pays et son partenaire principal laisse pantois. Il est utile de rappeler la dureté de la vie quotidienne dans ces temps anciens mythifiés. La Suisse doit sa prospérité à son ouverture, à sa capacité d’innovation et à l’accueil de travailleurs étrangers. Dans ce contexte, les accords bilatéraux sont essentiels. Ils permettent un accès sans entraves au marché intérieur européen et règlent de nombreuses questions en termes de sécurité, de recherche ou de transport. 
L’accord sur la libre circulation des personnes, visé par l’initiative, est une nécessité pour les entreprises et les nombreuses entités publiques suisses, notamment dans le domaine de la santé. Si la priorité demeure l’intégration de la main-d’œuvre indigène dans le marché du travail, cette dernière n’est pas suffisante pour combler la pénurie de travailleurs qualifiés. Une limitation arbitraire de la population et la résiliation des accords avec l’UE créeraient des problèmes insolubles, pour la population comme pour les entreprises.
Dans un autre registre, mais avec des conséquences tout aussi délétères, l’initiative populaire de la Jeunesse socialiste suisse porte atteinte à des principes constitutionnels fondamentaux et menace la place économique. En demandant une imposition de 50% des successions et des donations de plus de 50 millions de francs pour financer la lutte contre la crise climatique, elle met en péril les entreprises familiales suisses transmises de génération en génération. Avec le départ vraisemblable de contribuables concernés, elle provoquera une chute des rentrées fiscales, au détriment des prestations publiques et de la classe moyenne, qui verra ses impôts augmenter en compensation. 
Pour un avenir durable en Suisse, un refus de ces deux initiatives s’impose.