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La compensation du CO2, un concept contesté 5/5

Pierre Cormon Publié vendredi 17 septembre 2021

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La compensation du CO2, un problème moralement délicat.

La plupart des défenseurs de la compensation reconnaissent les imperfections du système. L’urgence est cependant telle, argumentent-ils, qu’il vaut mieux mettre en œuvre un mécanisme imparfait que de laisser le dérèglement climatique et la déforestation se poursuivre les bras croisés. Or, vendre des compensations permet de récolter des fonds destinés à combattre ces phénomènes, qu’il aurait été difficile de réunir d’une autre façon. «Il s’agit de la pire solution, à l’exception de toutes les autres», comme l’a expliqué un chercheur à ProPublica.

L’argument est parfaitement recevable, et loin de nous l’idée de prêcher l’arrêt de ces projets. Il existe tout de même deux excellentes raisons de porter un regard critique sur le mécanisme qui les finance. Premièrement, il s’agit d’un préalable à toute amélioration. On ne répare bien que les pannes que l’on a identifiées.

Deuxièmement, la compensation peut constituer un oreiller de paresse. «Pourquoi ne pas passer ce week-end à Barcelone, puisque je peux gommer l’effet du vol sur le climat?», se dit-on (à tort). Pourquoi revoir mon modèle d’affaires en profondeur si je peux me proclamer climatiquement neutre en achetant des compensations? Il est humain d’aller au plus facile et les compensations peuvent affaiblir l’incitation à réduire nos propres émissions. C’est pour cela que des chercheurs proposent de remplacer le terme «compensation», trompeur, par celui de «contribution». Financer des projets potentiellement favorables au climat ne permettrait plus de s’afficher climatiquement neutre, mais seulement comme engagé dans la recherche de solutions.

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