Les Ateliers Casaï font entrer la tradition du bois dans l’ère robotique

Les Ateliers Casaï connaissent aujourd’hui une nouvelle dynamique.
Les Ateliers Casaï connaissent aujourd’hui une nouvelle dynamique.
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 17 octobre 2025
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#Fleuron Les Ateliers Casaï viennent d’inaugurer leur nouveau site à Vernier. Une mutation technologique et écologique portée par Thierry Ravagnani.

Il n’existe plus beaucoup d’entreprises familiales industrielles telles que les Ateliers Casaï à Genève. Après cent soixante-cinq ans d’existence, l’inauguration de leur nouvelle implantation à Vernier résonne comme un signal positif fort: le fruit d’une longue bataille et d’une foi inébranlable en l’avenir.
Fondés en 1860 par la famille Casaï – dont Louis Casaï, conseiller d’État genevois ayant contribué à de grands chantiers cantonaux comme l’aéroport de Genève ou la zone industrielle de La Praille-Acacias – les Ateliers Casaï connaissent aujourd’hui une nouvelle dynamique. Sous l’impulsion de Thierry Ravagnani, directeur général depuis trente ans, le nouveau siège social a été inauguré en grande pompe le 2 octobre dernier. Quatre cents invités – partenaires fidèles, amis et représentants politiques – ont répondu présents: la fête fut à la hauteur de l’événement.
Mais la vedette de la soirée n’était pas humaine, elle était technologique.
Un robot, baptisé Invictus, occupe désormais une large partie du nouveau bâtiment, un édifice rénové appartenant à la Fondation pour les terrains industriels. «Ce bijou est à la pointe de l’innovation dans le domaine de la découpe du bois, capable de tailler des pièces aux formes très complexes, alliant précision millimétrique et rapidité d’exécution. Ensuite, il suffit d’emboîter les éléments comme un jeu de Lego», s’enthousiasme Thierry Ravagnani. Autrefois, il fallait trois jours et quatre hommes pour façonner une charpente complexe, avec des gestes lourds et pénibles. Aujourd’hui, Invictus s’en charge en un tour de main, ou presque. Le robot se révèle aussi efficace pour les grandes structures que pour les petits éléments, tels des sapins décoratifs de moins d’un mètre à la finition parfaite. L’entreprise emploie soixante collaborateurs: charpentiers, menuisiers, dessinateurs et apprentis perpétuent un savoir-faire ayant marqué le patrimoine architectural genevois et suisse. Parmi les réalisations emblématiques: Genève Arena, la rénovation de la Cathédrale Saint-Pierre, la piste du Vélodrome du Vernet, sans oublier la flèche de la Cathédrale de Lausanne, toutes signées Casaï.

Souci écologique

Tournée vers l’avenir, la direction a souhaité tracer son chemin dans le respect des normes écologiques à tous les niveaux. Le nouveau bâtiment se veut exemplaire: les ateliers s’étendent sur mille cent mètres carrés et répondent à une certification rigoureuse de haute performance énergétique. Entièrement rénové selon les standards les plus récents, il est autonome en énergie grâce à un système de chauffage aux pellets, reflet d’une démarche responsable. L’entreprise utilise exclusivement du bois suisse pour tous ses projets – un parti pris fort, soutenant l’économie locale et réduisant l’empreinte carbone.


Trois questions à Thierry Ravagnani

Quelles ont été les grandes étapes du parcours de votre entreprise?
Lorsque j’ai appris que nous allions devoir quitter Lancy, où nous étions établis depuis nos débuts, en raison d’un plan localisé de quartier, il m’a fallu tout remettre en perspective. J’ai découvert à cette occasion que la valeur de mon entreprise, dans laquelle j’avais investi une grande part de mes fonds personnels, risquait de partir en fumée si je ne trouvais pas une nouvelle implantation. Or, la valeur des Ateliers Casaï, c’est avant tout le savoir-faire des personnes qui y travaillent. Il a fallu cinq ans de négociations pour trouver une solution et pouvoir enfin inaugurer notre nouveau site de Vernier, le 2 octobre.

C’est aussi l’occasion d’y installer un robot à la pointe de la technologie?
Je suis très fier de ce robot, un bijou technologique unique à Genève. Il va nous permettre d’augmenter considérablement la productivité tout en gagnant en précision, sans que cela ne coûte d’emplois. Au contraire, j’ai dû engager du personnel hautement qualifié pour son fonctionnement et sa maintenance. Cet investissement de près de sept cent mille francs, sans compter les coûts indirects, marque un cap fondamental: j’espère ainsi attirer une nouvelle clientèle et consolider notre position.

Quand vous regardez l’avenir, êtes-vous optimiste?
Oui, car même si nous évoluons dans un domaine où la concurrence est rude, je crois en notre capacité à faire la différence par la qualité. Le bois est une ressource locale qui a le vent en poupe. Nous avons réalisé la rénovation du vélodrome de la Queue-d’Arve et nous travaillons sur des projets avec le FC Servette. Nous visons également les particuliers, sensibles au fait de collaborer avec des interlocuteurs de la place. 

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