Les écarts entre hommes et femmes concernant leurs choix politiques sont un phénomène généralisé dans de nombreuses démocraties occidentales.
La Suisse ne fait pas exception à la règle et cette division n’est pas nouvelle. Les chercheurs retiennent surtout la votation de 1985 sur le droit matrimonial, où les premières disparités nettes entre genres sont apparues. Depuis, ces écarts n’ont cessé de s’accroître, malgré des avancées dans l’égalité des droits. Un sondage récent1, réalisé auprès des 16 à 39 ans, confirme que le fossé s’agrandit même chez les générations émergentes. Au sein de la génération Z, les jeunes femmes se retrouvent plus volontiers dans les valeurs de la gauche tandis que leurs homologues masculins se déclarent plus proches des partis ou des causes de droite. L’appréciation des Verts, en particulier, marque encore davantage ce clivage entre les sexes. Le seul point commun est la volatilité des comportements de vote. En Suisse, où la démocratie directe est poussée, la mobilisation varie beaucoup selon les objets. En élargissant le spectre, les votes illustrent combien les trajectoires professionnelles et sociales restent distinctes. Les femmes sont plus nombreuses dans les métiers de la santé, de l’éducation ou de la culture, tandis que les hommes dominent les domaines techniques ou managériaux. Le service militaire ou une répartition des tâches domestiques souvent inégale renforce cet état de fait. La votation sur l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans a montré que leur motivation principale était davantage personnelle que résultant d’une analyse objective du futur des rentes.
Cette fracture au sein du corps électoral traduit aussi un sentiment d’inégalité bien ancré. Pour les militants et les politiques, cela signifie qu’il ne suffit pas de s’adresser aux femmes spécifiquement en période de campagne: il faut commencer beaucoup plus tôt, avec des approches progressives. En ce jour de Saint-Valentin, symbole d’amour et d’harmonie, on pourrait espérer un rapprochement des positions. Pour y parvenir, il faudra repenser les supports de communication, les messages et les slogans. Les arguments subtils, capables de fédérer hommes et femmes, seront essentiels. Les dynamiques ne sont pas figées. A l’avenir, un dialogue plus inclusif permettra peut-être une réconciliation... au bureau de vote.
1 Sondage de la SSR réalisé par l’institut de recherche gfs.bern en mai 2024 sur plus de 51 000 personnes.
En autorisant les services tiers, vous acceptez le dépôt et la lecture
de cookies et l'utilisation de technologies de suivi nécessaires à leur
bon fonctionnement. Voir notre politique de confidentialité.