Quelle mission poursuit la presse? Cette question doit être abordée sans concessions face aux multiples défis et attaques contre les médias. Avec un cynisme répandu et un intérêt parfois limité pour les mécanismes de tri de l’information, certains pourraient être tentés de marginaliser ceux dont le métier est de collecter, vérifier et traiter les informations. Pourtant, le flot continu de nouvelles qui se contredisent ou s’annulent présente des défis que seuls des professionnels savent relever.
Alors que les critiques à l’égard des médias sont fréquentes, la confiance envers ces derniers connaît paradoxalement un léger regain de forme. C’est ce que confirme un récent baromètre1 publié lors des Assises internationales du journalisme. Face à un besoin accru de repères fiables, plus de huit sondés sur dix se sont dits convaincus que les journalistes sont les plus aptes à démêler le vrai du faux. Ils maîtrisent les techniques du fact-checking mieux que quiconque et ont renforcé leur objectivité. Leur expertise, leur carnet d’adresses et leur suivi des dossiers demeurent leurs meilleurs atouts. Leur rôle est également apprécié pour ses aspects serviciels, particulièrement lorsqu’il est ancré dans la proximité et la réalité quotidienne.
En Suisse romande, la pression constante et la menace de disparition de titres ou de postes représentent une menace concrète. Lors du dernier Salon du Livre de Genève, des débats ont mis en lumière les défis majeurs. Malgré un contexte incertain, la majorité des journalistes exprime pourtant un certain optimisme quant à la pérennité de leur métier. Reste à savoir quelle forme il prendra, alors que de nombreux médias sont confrontés à une spirale négative. Le rôle des pouvoirs publics locaux gagnerait à être moins ambigu à leur égard. S’ils sont nombreux à louer la liberté de la presse, leur approche peut en coulisses contredire les principes qu’ils défendent. Bien que de nombreux ex-journalistes soient devenus chargés de la communication au sein des services de l’Etat, la tentation de contrôler les contenus jusqu’à leur diffusion finale persiste, un aspect regrettable qui mine le rôle fondamental de la presse en tant que quatrième pouvoir, chargé de l’analyse et du décryptage de l’information.
Pour combattre les raccourcis et la manipulation, le chemin est clair: il faut valoriser les contributions de qualité. Cette prise de conscience et cet engagement sont indispensables pour que les médias puissent continuer à jouer leur rôle pivot dans la société. S’abonner et soutenir ainsi la presse de son choix reste le meilleur des leviers.
1Sondage Viavoice pour les Assises internationales du journalisme, en partenariat avec Radio France, France Télévisions, France Médias Monde et Ouest France, mars 2025.
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