Passerelle piétonne du Mont-Blanc: fluidifier les mobilités

Davantage de sécurité et de fluidité pour tous les modes de déplacement.
Davantage de sécurité et de fluidité pour tous les modes de déplacement. infographiste Onirism
Flavia Giovannelli
Publié jeudi 14 novembre 2024
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#Votations Les citoyens en Ville de Genève se prononceront sur un ouvrage destiné à fluidifier la circulation de toutes les mobilités au cœur de la rade.

La construction d’une passerelle légèrement en-dessous du Pont du Mont-Blanc, côté amont, sera tranchée le 24 novembre prochain par les citoyens établis en Ville de Genève. 
Cet ouvrage entend répondre aux problèmes de circulations récurrents sur cet axe reliant les deux rives au cœur de la rade. Chaque jour, plus de quarante-sept mille véhicules motorisés et quinze mille piétons, sans compter les cyclistes, empruntent cette voie, ce qui en fait le pont le plus chargé d’Europe. 
En séparant les flux, le nouvel ouvrage entend accroître la sécurité pour tous les usagers, quels que soient leurs modes de déplacement, et réduire ainsi les tensions quotidiennes en rendant la circulation plus agréable et plus fluide pour chacun. 
Une large coalition, réunissant partis politiques, acteurs économiques et associations, se mobilise derrière ce projet. Le Comité unitaire, constitué de plusieurs organisations, s’appuie sur les multiples vertus de la passerelle, en particulier le fait d’achever le «U cyclable» lacustre, une demande du Conseil municipal genevois vieille de quinze ans. Ce projet faciliterait les déplacements d’une rive à l’autre, permettant aux cyclistes de traverser la ville plus facilement sans interférer avec les piétons. 
Un concours pluridisciplinaire a été lancé pour ce projet en 2011, remporté par le bureau Pierre-Alain Dupraz Architectes, en collaboration avec Ingeni SA. Il est massivement soutenu par les autorités locales et cantonales: le Conseil d’État l’estime aligné avec son plan climat et les objectifs de mobilité douce à l’horizon 2030. Les autorités y voient non seulement un investissement stratégique, mais aussi un geste architectural qui redéfinit Genève en tant que ville durable.
Actuellement, les piétons se croisent sur des trottoirs étroits et les cyclistes, souvent nombreux, peinent à se frayer un chemin dans des conditions parfois dangereuses. Avec 40% de la population genevoise privilégiant la marche, la passerelle répond à un besoin urgent. Elle facilitera la connexion entre les gares de Cornavin et des Eaux-Vives, permettra une promenade continue autour de la rade, et offrira un environnement plus sécurisé pour tous les usagers.
Les avantages en termes de fluidité et de sécurité sont reconnus par de nombreuses associations de mobilité. La traversée, plus rapide pour les cyclistes et en dehors des flux automobiles, réduira leur temps de passage à une minute trente, contre huit minutes actuellement, de la rive droite à la rive gauche. 
Pour les acteurs économiques, la passerelle contribuera à renforcer l’attractivité de la ville. Ivan Slatkine, président de la Fédération des entreprises romandes, relève que la passerelle renforcera l’image touristique et patrimoniale de Genève. Estimée à 54,6 millions de francs, la passerelle est financée par la Ville, le canton, un mécène, et la Confédération à travers le Fonds d’infrastructure pour le projet d’agglomération. Pour la Ville de Genève, le montant est d’environ 26 millions de francs. 


3 questions à Pierre-Alain Dupraz, architecte

Pouvez-vous décrire l’essentiel du projet?

Baptisé Entre Deux, il prévoit une passerelle piétonne séparée du pont principal et conçue pour s’intégrer discrètement dans le paysage. Elle s’étend sur 268 mètres au total avec une largeur confortable de 4,8 mètres, et même davantage en comptant le banc qui accompagne la traversée tout du long. Ce dernier sera en bois, tourné vers la rade et offrira un point de vue exceptionnel avec une nouvelle perspective sur le lac et les montagnes, tout en créant un espace de promenade pour toute la population et les visiteurs de passage.

Pour quelles autres raisons votre projet a-t-il séduit?

La construction de la passerelle permettra de libérer le trottoir amont du pont du Mont-Blanc pour y installer une piste cyclable bidirectionnelle. Cette nouvelle organisation des flux mettra en sécurité les piétons et les cyclistes sans empiéter sur les voies de circulation automobile et bouclera ainsi le «U» des mobilités douces autour de la rade.

Que répondez-vous aux critiques à l’encontre de ce projet?

Elles véhiculent plusieurs idées fausses. Par exemple, on critique les aspects esthétiques de cette passerelle, en oubliant que nous devons tenir compte de la valeur patrimoniale du Pont du Mont-Blanc, construit en 1862 avec les techniques innovantes de l’époque, notamment l’utilisation de tôles rivetées pour la charpente métallique. La passerelle a un style contemporain: c’est pour cela qu’elle est séparée du pont, pour ne pas porter atteinte à l’unité de cet ouvrage. Ensuite, les opposants avancent des risques d’engorgement autour des deux points d’accès, surtout celui qui débouche sur la rive gauche. Or, avec la passerelle, le trottoir aval restera partagé entre les cyclistes et les piétons, mais sa fréquentation sera fortement diminuée. La nouvelle piste cyclable bidirectionnelle va canaliser, en amont du pont, les flux entre les deux rives pour passer derrière l’horloge fleurie, ce qui améliorera fortement la situation chaotique actuelle. Ainsi, les flux de piétons et de vélos venant de la rive droite se répartiront selon leur point d’entrée et en fonction de ce qui est le plus rapide et pratique pour eux. En résumé, tous les modes de mobilité y gagneront.  

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