Les industriels craignent une guerre commerciale sur l’acier suisse

Swissmem redoute un effet domino des tarifs douaniers.
Swissmem redoute un effet domino des tarifs douaniers.
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 14 mars 2025
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#Acier Swissmem, l’association de l’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux, s’inquiète des tarifs douaniers.

Alors que les annonces répétées de l’administration Trump concernant de nouvelles taxes continuent de secouer les marchés, la Suisse se trouve malgré elle au cœur de la tourmente commerciale. La situation, complexe et chargée d’incertitude, préoccupe Swissmem et son président, Martin Hirzel. Bien que les exportations suisses d’acier et d’aluminium vers les Etats-Unis restent modérées (environ 80 millions de francs), l’effet domino des tarifs douaniers pourrait s’intensifier et toucher un éventail plus large de produits. Cette situation complexe trouve ses racines en 2018, lorsque l'administration Trump a imposé des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium de nombreux pays, y compris ceux de l’Union européenne (UE). En 2021, un accord conclu entre l'administration Biden et l'UE a instauré un quota d'importations exempt de droits de douane en échange de l'engagement vers une production durable.

Double impact

La Suisse, non-membre de l’UE, n’a pas bénéficié de cet accord. Les tarifs de 2018 ont donc continué à s'appliquer aux importations d'acier suisse aux États-Unis. Les nouvelles mesures annoncées par Trump en 2025 réintroduisent et étendent ces tarifs douaniers, ce qui augmente la charge administrative et le fardeau financier sur les entreprises suisses.

De surcroît, si l'UE décide de réagir aux nouvelles mesures américaines par des contre-mesures, cela pourrait affecter le commerce entre la Suisse et l'UE, où la Suisse exporte une quantité significative d'acier et d'aluminium. En cas de droits de douane européens en réaction aux politiques américaines, la Suisse risquerait de se trouver prise entre deux feux.

Ainsi, même si la Suisse n'est pas directement ciblée par les nouvelles mesures américaines, elle pourrait en ressentir les effets à travers les réactions de ses partenaires commerciaux, surtout si des tensions commerciales plus larges se développent.

Selon Martin Hirzel, la meilleure stratégie consiste à engager des discussions bilatérales avec l’administration américaine et à convaincre l’UE de ne pas traiter la Suisse comme un Etat tiers. «Si Bruxelles sanctionnait la Suisse par des droits de douane, les bilatérales III n’auraient aucune chance devant le peuple», prévient-il.

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