«Je déteste le terme girl boss. Je suis une boss, un point c'est tout»

FE+MALE a organisé une conférence sur l'investissement au féminin à Genève en juin 2025.
FE+MALE a organisé une conférence sur l'investissement au féminin à Genève en juin 2025. FE+MALE
Daniella Gorbunova
Publié mercredi 16 juillet 2025
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#Investissement Les femmes sont toujours largement minoritaires sur le terrain de l’investissement, tout comme à la tête des entreprises. Le think tank suisse FE+MALE a esquissé des solutions pour y remédier lors d’un événement en juin.

Oui, les femmes investissent moins que les hommes. C'est une réalité globale et chiffrée: comme le relayait récemment Le Temps, selon une recherche menée dans seize pays auprès de plus de huit mille personnes, environ 70% des femmes interrogées n'investissent pas du tout. 

Ainsi, «le secteur de l'investissement exclut 72% des femmes alors qu'une augmentation de leur participation permettrait de libérer 1,86 trillion de dollars en investissements pouvant avoir un impact positif sur la société, notamment dans domaines du climat et de l'investissement social», avancent les auteurs de l'étude. 

En cause? Une conjoncture de facteurs. Les femmes sont globalement moins fortunées que les hommes, la faute à l'écart salarial inexpliqué et de leur propension à travailler davantage à temps partiel, entre autres. Autre explication - peut-être moins évidente - mise en lumière dans les colonnes de nos confrères:  «Le langage utilisé par l'industrie est également un obstacle, car il est davantage pensé pour un public cible masculin. Des termes liés au risque et des métaphores tirées du secteur du sport ne parlent pas aux femmes, révèle l'étude. Pour 86% des gestionnaires d'actifs interrogés lors de l'étude, le client type est en eVet... un homme.»

Un think tank s'empare du problème


Cette problématique tient à cœur au think tank FE+MALE, une organisation basée à Zurich qui vise à sensibiliser «aux enjeux liés aux inégalités de genre», à mettre en œuvre des projets et à développer des outils pour renforcer la diversité de genre dans l'entrepreneuriat. Mardi 10 juin, l'organisation a donné rendez-vous à la crème des investisseures (oui, au féminin) à Genève pour parler de l'impact des biais inconscients sur le transfert intergénérationnel de richesse, l'entrepreneuriat féminin et les stratégies d'affaires.

Au rendez-vous, une salle remplie de femmes aux portfolios financiers fleuris ou à l'intérêt aiguisé pour le sujet, devant un panel d'intervenantes et intervenants venus d'horizons variés: James Miners, responsable des programmes start-up et innovation à la Fondation genevoise pour l'innovation technologique, Naava Mashiah, fondatrice et CEO de ME LINKS, Frédéric Lauchenauer, associé gérant de Norman Venture Office, Risto Väyrynen, fondateur de The Impact Office.

Les entreprises gérées par des femmes performent mieux


Après une brève introduction de Dannie Ivanova, associée chez Deloitte, FE+MALE pose un constat issu de l'une de ses recherches: alors que les femmes manquent dans le leadership, les entreprises dirigées par des femmes performent systématiquement mieux que les autres, avec des marges de bénéfice supérieures.

Les équipes diversifiées sont bien plus performantes, avec jusqu'à cinq fois plus de chances de succès.

Ainsi, propulser une femme à un poste clef dans l'investissement ou l'entreprenariat, c'est automatiquement réduire les risques et garantir de meilleurs résultats. De manière plus générale, selon le think tank, «les équipes diversifiées sont bien plus performantes, avec jusqu'à cinq fois plus de chances de succès.»

Education et mentorat

Là où les questions et remarques ont librement fusé, on a pu entendre, dans le public: «Je déteste le terme girl boss et la distinction qu'il implique. Je suis juste une boss, un point c'est tout». Comment dépasser les biais subjectifs qui font barrage à l'égalité? Les intervenantes et intervenants ont relevé que des changements systémiques dans le secteur privé sont indispensables. Par exemple l'adoption de processus de sélection (pour un poste ou un portfolio) à l'aveugle - une méthode qui a déjà montré son efficacité.

Aussi, dans les sphères personnelles et interpersonnelles cette fois: l'éducation reste le grand cheval de bataille. «Il est crucial d'affronter directement les normes culturelles et les biais inconscients et de cultiver la confiance dès le plus jeune âge» chez les jeunes femmes. Et rien ne se fera sans solidarité: les femmes doivent travailler ensemble et non les unes contre les autres pour corriger les inégalités. Notamment via le mentorat et le soutien des pairs

 

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