Adapter la décroissance aux réalités du monde (Copier)
Véronique Kämpfen
Publié vendredi 04 juillet 2025
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La décroissance vise à faire ralentir l’économie de manière planifiée dans le but de limiter son impact environnemental. Ce concept date du début des années 1970. Il est intimement lié à la transition énergétique et environnementale. Des cautèles ont cependant été mises d’emblée à sa réalisation. Les pays riches devraient mettre un frein à leur croissance, alors que les pays en développement devraient la poursuivre. A en croire l’article de Jean-Mermoz Konandi paru dans notre magazine (numéro 31, été 2025) , qui décrit les défis économiques des pays de l’Afrique de l’Ouest et Centrale, ce point de vue reste d’actualité. «A rebours des critiques formulées dans les pays industrialisés, la croissance n’est pas perçue comme un dogme», écrit-il. «Si le Nord veut ralentir pour préserver ce qu’il a, le Sud, lui, tente de bâtir ce qu’il n’a jamais eu.»
Ce témoignage montre l’importance de solutions proportionnées en fonction de chaque situation et de la nécessaire acceptation sociale de la transition énergétique et environnementale. Sous nos latitudes, comme ailleurs, celle-ci passera notamment par la baisse des émissions de CO2 et pèsera davantage sur les ménages à bas revenus. Tout simplement parce qu’en pourcentage, les postes de dépenses les plus émetteurs de carbone que sont le logement et le transport représentent une part plus importante dans le budget des ménages à revenus modestes que dans ceux à revenus élevés.
Au niveau des entreprises, la transition environnementale doit aussi être accompagnée. Les incitations positives ou les instruments de marché, comme la taxe carbone, permettent d’engager le changement sans pour autant obliger à la décroissance. Au lieu d’interdire, il est plus intéressant d’inciter à la réflexion, qui permet non seulement le passage à de nouvelles manières de produire, par exemple en favorisant les énergies renouvelables, mais aussi de développer de nouvelles technologies. Au vu des transitions environnementales et énergétiques en cours, on ne peut que souscrire à l’objectif de la décroissance. Ce sont les moyens qui doivent être discutés. Entre partisans de la méthode radicale, qui vise à cesser immédiatement toute activité polluante sans aucune considération des conséquences, et ceux adeptes de la politique des (trop?) petits pas se dégage une ligne médiane qui prend en compte les besoins légitimes des individus et qui les fait participer activement à la transition. Sans réelle acceptation sociale des efforts à fournir, les résistances seront acerbes. Ce serait un échec pour l’environnement et pour notre humanité.
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