Economie et politique

Genève va injecter onze millions de francs pour soutenir l’innovation

Delphine Bachmann, conseillère d'Etat en charge du DEE, est entourée à gauche de Denis Cavin et à droite de Kustrim Reka, tous les deux attachés aux affaires économiques du département.
Delphine Bachmann, conseillère d'Etat en charge du DEE, est entourée à gauche de Denis Cavin et à droite de Kustrim Reka, tous les deux attachés aux affaires économiques du département. SK/Entreprise romande
Steven Kakon
Publié vendredi 07 mars 2025
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#Innovation Le nouveau plan directeur de l’innovation a été présenté le 6 mars comme une démarche inédite. Y figurent la création d’un fonds cantonal pour l’innovation et celle d’un lieu central pour rassembler les acteurs de l’innovation.

Genève veut passer au niveau supérieur dans le soutien à l’innovation, définie comme une des priorités de la politique économique du canton. C’est par ces mots que Delphine Bachmann, conseillère d’Etat chargée de l’économie et de l’emploi, introduit son premier plan d’action pour faire du canton un véritable pôle international de l’innovation, présenté à la presse jeudi 6 mars au campus Biotech.

En complément des dix millions de francs annuels déjà consacrés à l’innovation, l’Etat va mobiliser quelque onze millions de francs supplémentaires sur les trois prochaines années pour financer une série de mesures (quatorze au total) articulées autour de quatre axes. L’objectif? Faciliter l’accès à des financements et à des infrastructures de pointe pour les entrepreneurs.

Un premier projet de loi doit être soumis au Conseil d’Etat la semaine du 10 mars, avant de poursuivre sa route au Grand Conseil. C’est d’abord dans le financement, «clé de voûte de l’innovation», et notamment dans le financement d’amorçage, plus difficile, que l’Etat veut proposer un levier complémentaire aux fonds privés. Parmi les principales mesures figure la création d’un fonds cantonal pour l’innovation, doté de deux millions de francs, qui permet de doubler le budget du Fonds innovation (FIF) de la Fondation genevoise pour l'innovation technologique (FONGIT), catalyseur pour les projets innovants, et d’élargir son champ d’action pour répondre aux besoins du marché.

Aujourd’hui essentiellement focalisé sur les start-up et la haute technologie (deep tech) notamment en raison de son capital limité, le FIF s’adresse désormais aux chercheurs, aux start-up, aux scale-up, aux PME et aux chercheurs. Mais encore, un nouveau dispositif de financement consacré à la production de prototypes est déployé, favorisant ainsi l’accès aux contributions fédérales, notamment celles d’InnoSuisse, l’agence suisse pour l’encouragement de l’innovation.

Nouveau hub

L’accès aux infrastructures, freiné en raison du prix des loyers, constitue le deuxième axe du programme. De nouveaux espaces qui facilitent l’implantation des start-up avec des tarifs avantageux seront créés sur le Campus Biotech. Le nouveau bâtiment qui ouvrira ses portes en 2025 permettra d’étendre les capacités d’accueil du site.

Aussi, la volonté de créer un nouveau hub genevois de l’innovation avec un partenaire privé a pour vocation de permettre aux entreprises de s’installer dans des conditions facilitées. Mais il faudra encore attendre un peu: «le lieu n’a pas encore été choisi», souligne la magistrate. L’Office cantonal de l’économie et de l’innovation a aussi mis sur pied un Guichet entreprises qui centralise les informations et simplifie les échanges avec l’administration (guichetentreprises.ge.ch).

Avec son troisième axe orienté sur l’écosystème, l’Etat veut aussi attirer des acteurs étrangers à très haute valeur ajoutée et réduire les barrières pour les parents entrepreneurs en leur accordant un soutien financier complémentaire au FIF. Enfin, le volet éducatif veut mettre en place des interventions pédagogiques dans les écoles visant à valoriser la culture d’entreprendre au niveau du cycle d’orientation.

 

La FONGIT a aidé vingt entreprises en 2024

La FONGIT accompagne les projets en phase de démarrage (start-up) dans les domaines ICT, ingénierie avancée et sciences de la vie via des bourses à fonds perdus et des prêts. En 2024, le Fonds d'Innovation FONGIT (FIF) a soutenu vingt entreprises et projets à hauteur de 1,7 million de francs. De 2021 à 2024, 6,2 millions de francs ont été investis dans ce fonds, selon les chiffres communiqués par l’Office cantonal de l'économie et de l'innovation.
Dans l'ensemble, de 2021 à 2024, la FONGIT a enregistré une croissance annuelle d'environ 20% en termes de demandes d'entreprises ou de projets reçus, de projets lauréats, ainsi que du montant des fonds attribués.
Jusqu’à cent mille francs peuvent être accordés par an et par projet, offrant ainsi une crédibilité aux actionnaires, qui peuvent plus facilement attirer des investisseurs privés pour des montants plus substantiels. Cette manne publique a fortement contribué à récolter jusqu’à trente fois plus d’argent privé par les entreprises soutenues par le FIF.
«Nous sommes victimes de notre succès, car ce modèle, qui offre des rendements largement supérieurs à l’investissement initial, atteint bientôt ses limites. Il nous faut trouver de nouveaux partenaires qui viennent renforcer notre rôle», témoignait le directeur Antonio Gambardella, directeur de la FONGIT, dans nos colonnes en novembre dernier. Le nouveau partenariat annoncé en novembre avec la Fondation Modus, spécialisée dans le développement durable à faible empreinte carbone, permet de soutenir les projets prometteurs.
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