La Suisse et l’Union européenne (UE) ne sont de loin pas les seules juridictions à avoir institué un marché du carbone pour les gros émetteurs. C’est également le cas du Québec, de la Chine, du Japon, de la Nouvelle-Zélande, de la Corée du Sud, du Royaume-Uni et de l’Indonésie. Les Etats-Unis, en revanche, ne connaissent pas un tel système. Début 2023, 23% des émissions de gaz à effet de serre mondiales étaient couvertes par un mécanisme de ce type, contre 5% en 2010, remarque la Banque mondiale.
Le fonctionnement de ces marchés est cependant très critiqué. Le prix des quotas est jugé trop bas au regard des objectifs climatiques. De plus, les émetteurs reçoivent généralement un certain nombre de quotas gratuits, comme en Suisse et dans l’UE. La manière dont cette quantité est déterminée est jugée trop généreuse dans de nombreux cas.
«Payées pour polluer»
La moitié des centrales à charbon chinoises reçoivent davantage de quotas que ce dont elles ont besoin pour couvrir leurs émissions, relevait récemment l’hebdomadaire The Economist. Les quotas gratuits correspondent en effet à la moyenne des émissions des centrales à charbon du pays; celles qui sont plus efficaces en reçoivent donc davantage que ce dont elles ont besoin, et peuvent les revendre. «Elles sont payées pour brûler un combustible sale», résume l’hebdomadaire.
Le prix du carbone, de plus, est bas – cinq fois plus que dans l’UE en moyenne mondiale. L’introduction du nouveau prélèvement européen pourrait cependant inciter ses partenaires commerciaux à prendre des mesures pour pousser les prix des émissions à la hausse ou à introduire un marché du carbone s’ils n’en connaissent pas. Leurs produits exportés dans l’UE devront en effet payer pour les émissions qu’ils ont engendrées, et cet argent ira dans les caisses de Bruxelles.
Faire monter les prix du carbone sur le marché local pourrait rediriger ces sommes dans ses propres caisses.
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