Les analyses du cycle de vie, un avantage concurrentiel
Pierre Cormon
Publié vendredi 01 décembre 2023
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#Cycle de vie Plusieurs entreprises ont expliqué pourquoi elles ont réalisé des analyses de cycle de vie et ce que cela leur a apporté, lors d’un atelier de la plateforme genie.ch tenu à la FER Genève.
Comment convaincre vos clients que votre solution est vraiment plus durable que celle de vos concurrents? C’est la question qui s’est posée à la start-up genevoise AELER. Elle loue des containers intelligents en composite, qui présentent de nombreux avantages par rapport aux containers métalliques classiques. Ils permettent par exemple de transporter davantage de marchandises de manière isolée du point de vue thermique, ainsi que de suivre les conditions régnant dans le container en temps réel, grâce à des capteurs. «Cela évite d’avoir à placer les marchandises dans des isolants à usage unique, dont on se débarrasse à l’arrivée», explique Valentine Golfier, senior product owner au sein de l’entreprise. Elle s’exprimait lors d’un atelier de la plateforme genevoise genie.ch consacré aux analyses de cycle de vie.
Etayer, chiffrer
Si l’entreprise était convaincue que sa solution était préférable d’un point de vue environnemental, elle manquait de données objectives pour le prouver. Elle a donc fait réaliser deux analyses de cycle de vie par des entreprises indépendantes, qui ont permis d’étayer et de chiffrer cet avantage. AELER a mis au point deux calculateurs permettant de chiffrer le gain environnemental en fonction de différents paramètres, comme le type de marchandise transportée. L’un des calculateurs, facile d’usage, a été mis à la disposition des clients sur le site, afin qu’ils puissent le calculer eux-mêmes. Un deuxième calculateur, plus complexe mais plus précis, est aussi utilisé à l’interne.
Aide à la décision
Comme AELER, des entreprises de secteurs très variés réalisent des analyses de cycle de vie. «Leurs résultats permettent de prendre des décisions objectives et plus innovantes», relève Olivier Sandoz, directeur général adjoint à la FER Genève. C’est ce que montre le cas de la start-up valaisanne Proseed, qui a mis au point des unités permettant de sécher les résidus du brassage de bière - les drêches - sur le lieu de production. Cela leur fait perdre une grande partie de leur poids, d’où une économie sur le transport, et évite qu’elles ne soient sujets au pourrissement. La moitié des drêches est actuellement utilisée pour nourrir des animaux, et l’autre pour produire du biogaz. Le projet initial visait à les transformer en ingrédients pour l’alimentation humaine, afin de tirer profit de leurs riches qualités nutritives. L’analyse du cycle de vie a montré que ce n’était pas plus avantageux du point de vue environnemental. Proseed a donc réorienté son modèle d’affaires afin que les drêches séchées grâce à ses unités continuent à être utilisées dans l’alimentation animale.
Restauration collective
Les analyses de cycle de vie sont aussi indispensables dans la restauration collective. «Le poids de la durabilité ne cesse de croître dans les appels d’offres», note Laurent Pin, responsable impact positif chez Eldora, qui exploite deux cent nonante restaurants dans des structures telles que les écoles, les entreprises ou les établissements de santé.
Eldora analyse en permanence l’impact environnemental des plats qu’elle propose. De nombreux critères peuvent être pris en considération. Certains sont cependant difficiles à évaluer de manière fiable. «Nous avons donc décidé de nous concentrer sur les émissions de CO2, le critère ayant le degré de robustesse le plus élevé», explique Laurent Pin.
Sensibilisation
De ce point de vue, les deux éléments les plus problématiques sont la viande de bœuf et la chaîne du froid. On ne peut cependant pas éliminer des assiettes tout ce qui n’est pas favorable au climat si les clients ne sont pas d’accord de s’en passer. Eldora mise donc sur la sensibilisation. Tout plat est maintenant marqué avec un petit nuage vert, orange ou rouge indiquant s’il a un impact faible, moyen ou élevé en termes d’émissions de CO2. Eldora espère que les clients limiteront peu à peu leur consommation de mets à fort impact. Reste que ces analyses peuvent demander une quantité non négligeable de temps et d’argent.
«Nous devons établir des priorités», explique Sophie Meisser, responsable du pôle responsabilité sociale d’entreprise (RSE) aux Hôpitaux universitaires de Genève. L’institution a commencé par s’attaquer à deux domaines ayant un fort impact environnemental et pour lesquels on dispose de données solides: les gaz anesthésiques et les bronchodilatateurs.
Inconnues
Certains domaines sont mal couverts par les banques de données sur lesquelles se basent les analyses de cycle de vie. C’est le cas de ce qui touche à l’eau, regrette Ramzi Bouzedra, CEO de la start-up Droople, issue de l’EPFL. Raison pour laquelle la jeune pousse aide ses clients à mesurer plus précisément l’impact de leur utilisation d’eau avec des capteurs maison
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