Les déchets plastiques bientôt récoltés dans toute la Suisse

Le projet vise les déchets plastiques des ménages.
Le projet vise les déchets plastiques des ménages.
Pierre Cormon
Publié mardi 25 juin 2024
Lien copié

#Recyclage Les acteurs de la filière ont créé une organisation qui devrait lancer la collecte du plastique usagé des ménages sur une base volontaire vers la fin 2024.

Alors que le PET atteint un taux de recyclage de 83% en Suisse, près de 80% des autres types de plastiques sont incinérés avec les ordures ménagères. Les maigres quantités recyclées sont récupérées par des entreprises ou collectées par des communes, essentiellement alémaniques.

Une organisation sans but lucratif veut donc mettre sur pied un système de collecte des déchets plastiques des ménages d’ici à la fin de l’année. RecyPac a été créé par différents acteurs de la filière, des fabricants d’emballage aux recycleurs, en passant par la grande distribution. L’organisation compte de nombreux poids lourds comme Coop, Migros, Zweifel, Unilever, Emi ou Coca-Cola Suisse. Ils ont signé une lettre d’intention fixant les principaux objectifs du projet.

Objectifs

Le système de collecte, le système tarifaire et la communication seront identiques dans tout le pays. L’objectif est de récupérer 55% des emballages plastiques et 70% des briques de boisson d’ici à 2030 – ce qui correspond à l’objectif de l’Union européenne. Le potentiel est estimé à cent mille tonnes, avec une marge d’erreur – on ne connaît pas avec précision les volumes de plastique non PET utilisés en Suisse.

«Nous imaginons que la Suisse pourrait compter deux ou trois centres de collecte et un centre de traitement transformant ces plastiques en granulats», a expliqué Odile Inauen, directrice de la nouvelle structure, lors du Forum romand sur le recyclage. Ces granulats pourront être utilisés pour fabriquer des emballages plastiques. «La structure de recyclage n’est pas encore en place, mais elle ne l’était pas non plus quand la collecte du PET a été lancée», ajoute-t-elle.

Trois sources

Le système sera financé de trois manières. Les particuliers devront acheter des sacs pour recycler leur plastique. Les distributeurs participeront au financement. Enfin, la vente des matières recyclées engendrera des recettes.

S’agissant d’un projet privé, le commerce y participera sur une base volontaire; il n’y aura pas d’obligation de reprendre les déchets plastiques, comme c’est le cas pour les déchets électroniques.

«L’amélioration de la collecte ne suffira cependant pas à atteindre les objectifs», prévient Odile Inauen. «Il faudra aussi agir sur le design des emballages, de manière à faciliter leur recyclage.» Les distributeurs se sont engagés en ce sens dans la lettre d’intention. L’écodesign consiste par exemple à ne pas mélanger différents plastiques dans un même emballage, ou à ne pas le couvrir entièrement d’une étiquette empêchant les lecteurs optiques d’identifier le type de plastique qui le compose.

Projet romand

Cinq acteurs romands du recyclage veulent profiter des perspectives offertes par RecyPac. Ils ont fondé ensemble Leo Recycle, une nouvelle entreprise destinée à trier le plastique autre que le PET. «Notre ambition est de devenir le centre de référence de la nouvelle filière en Suisse romande», explique Bertrand Girod, directeur général de Serbeco, l’un des partenaires.

L’un des défis a été de trouver une compagnie acceptant d’assurer le nouveau centre. Echaudées par le grave danger que représentent les batteries lithium-ion mal triées (lire en page 5), elles sont de plus en plus réticentes à couvrir ce secteur, et, lorsqu’elles le font, c’est à des conditions beaucoup moins avantageuses que par le passé.

insérer code pub ici