Ovomind, la start-up qui lit les émotions

Yann Frachi.
Yann Frachi. Photo SK/ER
Steven Kakon
Publié lundi 01 décembre 2025
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#Intelligence artificielle L’entreprise lauréate du Fongit Innovation Fund digital développe une IA capable de lire en temps réel les réactions des joueurs de jeux vidéo pour transformer leur expérience.

Huit millions de francs seront investis entre 2025 et 2027 pour aider les entreprises genevoises à concrétiser leurs idées innovantes. Cette enveloppe constitue le cœur du premier Plan directeur de l’innovation, présenté à la presse en mars dernier. Grâce à ce dispositif, un véritable fonds cantonal de soutien à l’innovation a vu le jour, avec deux nouvelles prestations: le Fongit Innovation Fund (FIF) Digital et le FIF Impact. Le financement de la FONGIT a été doublé, ce qui a permis de créer ces deux nouvelles prestations. Désormais, le FIF Digital cible le développement des technologies numériques, tandis que le FIF Impact soutient des projets à fort impact social. Ovomind, classée parmi les top cent des meilleures start-up suisses, a obtenu un prêt de cinquante mille francs via le FIF Digital. Active dans les jeux vidéo, la jeune pousse fait partie des quatre premières primées pour leur projet. Rencontre avec son co-fondateur, Yann Frachi.

En quoi consiste votre innovation technologique?
Nous développons une plateforme d’Affective Computing fondée sur l’intelligence artificielle (IA), capable d’analyser en temps réel les émotions humaines à partir de données physiologiques et audiovisuelles. Notre technologie s’appuie sur un bracelet biométrique de nouvelle génération, conçu par notre équipe recherche et développement et protégé par plusieurs brevets internationaux.

En quoi votre solution se démarque-t-elle des autres technologies disponibles sur le marché?
Ce qui nous distingue, c’est notre capacité à combiner des capteurs de haute précision et un moteur IA affectif propriétaire qui interprète les signaux émotionnels avec une latence extrêmement faible. Cette technologie est déjà utilisée par des studios de jeux vidéo, mais elle est également en cours d’intégration dans d’autres secteurs comme l'automobile, la santé mentale, la formation immersive, ou le divertissement interactif. Nous avons l’ambition de faire d’Ovomind un standard mondial de l’Affective Computing et discutons actuellement avec plusieurs fabricants pour intégrer nos capteurs et notre technologie directement dans leurs produits.

Comment cette technologie améliore-t-elle concrètement l’expérience de jeu?
C’est le game designer qui décide de la réponse émotionnelle du jeu. Si un joueur manifeste de la frustration, le jeu peut ajuster automatiquement la difficulté ou modifier la dynamique. Si un joueur montre un niveau élevé d’engagement, le concepteur peut déclencher un bonus spécifique ou renforcer la montée en tension narrative.

Les médias japonais s’intéressent particulièrement à Ovomind. Comment l’expliquez-vous?
Le Japon fait partie de notre ADN. Ovomind est née à Tokyo en 2019, avant de s’implanter à Genève en 2021 au sein de la FONGIT, en conservant une antenne japonaise active. Le Japon est l’un des épicentres mondiaux du jeu vidéo et de la robotique émotionnelle, deux domaines très sensibles aux technologies d’Affective Computing. Nos avancées technologiques, notre équipe internationale et nos partenariats en cours avec plusieurs studios et fabricants japonais expliquent cet intérêt médiatique marqué.

Que change concrètement le prêt de cinquante mille francs du FIF Digital sur vos activités?
Sur le plan stratégique, le montant reste modeste à l’échelle de notre ambition globale. Mais cette aide représente une véritable bouffée d’oxygène opérationnelle. Elle renforce l’appui institutionnel à notre technologie, soutient la phase d’industrialisation du bracelet et nous donne davantage d’agilité dans nos discussions avec nos partenaires internationaux.

Quel a été l’apport non financier de l’accompagnement de la FONGIT?
La fonds nous apporte principalement un environnement structurant pour accélérer notre développement. L’écosystème genevois n’est pas encore un centre mondial du gaming, mais le soutien obtenu nous permet d’accueillir nos partenaires dans un cadre professionnel, d'avoir nos bureaux dans un environnement dynamique orienté start-up et de bénéficier d’un accompagnement stratégique essentiel.

Sans ce dispositif cantonal, qu’est-ce qui aurait été plus difficile ou plus long?
L’aide cantonale joue un rôle clé dans la sécurisation de notre levée de fonds. Elle contribue à rassurer nos investisseurs et partenaires industriels en confirmant la solidité de notre projet technologique. Cette aide est arrivée au moment idéal pour soutenir l’industrialisation, les dépôts de brevets et la signature de premiers contrats de licence en dehors du secteur du jeu vidéo.

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