Zones industrielles au bon endroit

La zone industrielle du Bois-de-Bay abrite un réseau d’entreprises en transition vers l’écologie industrielle.
La zone industrielle du Bois-de-Bay abrite un réseau d’entreprises en transition vers l’écologie industrielle. FTI/Olivier Riethauser
Miroslaw Halaba
Publié vendredi 12 juillet 2024
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#Aménagement industriel Adaptée aux besoins, géographiquement bien située et à un coût abordable: tels sont les critères clé que les entreprises retiennent aujourd’hui pour leur localisation. Directeur général de la Fondation pour les terrains industriels de Genève, Guillaume Massard suit cette évolution.

La pandémie, la crise énergétique qui a suivi et la remontée des taux d’intérêt sont autant de facteurs qui incitent les entreprises à voir aujourd’hui leur avenir sous un nouvel angle. Pour Guillaume Massard, directeur général depuis 2020 de la Fondation pour les terrains industriels (FTI) et fin connaisseur des besoins du tissu industriel et artisanal genevois, ces dernières «réfléchissent désormais beaucoup avant d’investir».

Cette réflexion prudente s’illustre dans le choix des surfaces. La demande est largement présente, tant chez les PME que chez les grandes entreprises, désireuses de créer de nouveaux outils de production ou de se mettre au goût du jour. Or, l’usage accru du télétravail, la robotisation et la cherté des mètres carrés poussent les entrepreneurs à optimiser la taille de leurs locaux. Ce qui aurait pu auparavant prendre place sur mille cinq cents mètres carrés se satisfait maintenant de mille mètres carrés. La tendance est aux petits lots et à la modularité afin de donner plusieurs vies à un espace.

Densification oblige, la circulation verticale est devenue un enjeu majeur. Monte-charges ou grands accès pour les véhicules utilitaires modifient la typologie du bâti. Les dalles des bâtiments doivent supporter des charges plus lourdes que par le passé, les hauteurs sous plafond doivent être plus élevées. Ces nouvelles habitudes ne sont pas sans conséquence sur les coûts. «Densifier à bas coût est compliqué», note Guillaume Massard. Un doux euphémisme, lorsqu’on sait qu’à cela s’ajoutent les frais liés à la consommation d’énergie. Sur ce point, une chose est désormais entendue: outre un approvisionnement stable, les entreprises sont aussi favorables aux énergies propres. «Peu nombreuses sont celles qui ne sont pas sensibles à cette question», remarque Guillaume Massard. Il constate toutefois qu’une entreprise sera plus encline à adopter un mode durable si des incitations financières l’aident à le faire, mais elle le sera bien moins si les mesures s’avèrent plus contraignantes. Signe de bon augure: la production d’électricité d’origine photovoltaïque, dont le potentiel dans les zones industrielles genevoises est considéré comme très élevé, «se développe plutôt bien, même s’il y a encore du chemin à faire», indique notre interlocuteur.

Esthétique et mobilité

Ces mutations industrielles ont un impact sur l’aménagement du territoire. «Nous sommes très attentifs aux aspects urbanistiques, afin d’amener de la qua- lité dans ces espaces», explique Guillaume Massard. En collaboration avec l’Office de l’urbanisme, la FTI travaille à l’installation d’espaces de déambulation, d’îlots de fraîcheur, de placettes et de services, tels que des magasins, des restaurants ou des crèches. Une situation gagnante-gagnante, car tant les employeurs que les employés y trouvent des espaces de vie agréables. S’agissant de l’esthétique des bâtiments, la marge d’adaptation est plus restreinte, leur construction étant conditionnée par leur fonctionnalité. «Tout est très subjectif, mais je trouve qu’il y a des bâtiments très réussis, d’autres un peu moins», confie le directeur général de la FTI.

Le grand projet de transformation urbaine dans le périmètre Praille-Acacias-Vernets occupe les esprits et soulève, entre autres questions, celle des implantations industrielles et de la mobilité qu’elles induisent. Où faut-il idéalement se trouver pour exercer son activité? Pour Guillaume Massard, les entreprises internationales peuvent «aller un peu partout», pour autant qu’elles puissent offrir une bonne desserte à leurs employés. Les PME, en revanche, souhaitent avant tout être proches de leur clientèle pour ne pas la perdre en raison de la distance. L’électricien en est un bon exemple. La rive gauche souffrirait ainsi d’un déficit de surfaces adéquates disponibles. Pour ce qui est de la mobilité, Guillaume Massard remarque parmi les acteurs économiques une «tendance forte» à favoriser l’usage des transports publics. Il y a de ce fait une «véritable dynamique» – que la FTI soutient – pour desservir les zones industrielles.

Quelles perspectives d’avenir?

Le développement de Genève et de sa région se poursuit. Comment envisager l’avenir? Evoquant quelques pistes, Guillaume Massard voit en particulier de bonnes solutions dans les projets d’équipement en cours dans les zones industrielles et la densification de l’existant. Il reste aussi quelques disponibilités foncières pour les entreprises – toujours nombreuses – qui souhaitent s’installer à Genève.

D’autre part, la mise en place d’initiatives favorisant l’économie circulaire pourrait également satisfaire les nouveaux besoins, tout en conservant les entreprises dans le canton. Le directeur général de la FTI perçoit toutefois un grand défi, mais aussi des solutions durables dans l’intégration de l’artisanat – menuisiers, électriciens, peintres, réparateurs – au cœur de la ville. Pour des questions de rentabilité, d’esthétique et de nuisances supposées, les nouveaux complexes d’habitation tendent à se passer de ce type d’activités. Or, leur utilité est incontestable pour assurer dans ces quartiers une activité locale vertueuse. Il faudra certainement beaucoup de persuasion pour convaincre les sceptiques que ce mode de développement est durable.

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