«Les émotions prédisent au mieux le succès professionnel»

Les émotions comptent!
Les émotions comptent!
Steven Kakon
Publié mercredi 26 juin 2024
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#Intelligence émotionnelle L'expression de son intelligence émotionnelle est une garantie de performance au travail. Encore faut-il reconnaître sa valeur.

Les émotions ont plus de pouvoir qu’on peut l’imaginer. Exclues pendant longtemps du monde du travail, elles étaient, jusque dans les années 1990, vues comme une faiblesse et des imperfections à la rationalité. Aujourd’hui encore, leur place dans les entreprises dépend de leur culture et du secteur d’activité.

Pourtant, selon Stefano Borzillo, professeur associé à l’école hôtelière de Lausanne (EHL) et intervenant au salon The Future of Work and Learning à Palexpo, l’intelligence émotionnelle est «l’indicateur qui prédit le mieux le succès professionnel».

Comment définir une émotion? C’est une réaction à un événement, à des stimulis externes ou une expérience qui fait appel à des aspects cognitifs et comportementaux. Nos journées sont parsemées d’émotions qui, parfois, s’entremêlent.

Pourquoi les compétences émotionnelles sont-elles si importantes? Elles jouent un rôle majeur en matière d’apprentissage ou au niveau de la productivité, de la créativité, de la prise de décision, de la motivation, du bien-être et, en qualité de leader, dans la gestion du changement. Une étude datant de 2022 a révélé que l’intelligence émotionnelle s'avère être la meilleure prédictrice de performance parmi trente-quatre compétences professionnelles et que les employés qui ont un manager empathique sont 61% à être plus créatifs et 76% à être plus engagés.

Au salon, face au public, Natalie Boudou, auteure et CEO de HumanForce - une entreprise de conseil stratégique, de formation et de coaching - débute sa présentation avec une situation réelle. Une équipe apprend que son projet, un grand événement sur lequel elle a travaillé pendant plusieurs mois, ne pourra pas voir le jour en raison de l’épidémie de covid-19. A l’évidence, la nouvelle provoque un profond sentiment de déception et de frustration au sein des troupes. Le manager décide alors d’organiser une séance pour permettre à chacun d’exprimer son ressenti sur la situation. Cet espace de dialogue permet aux participants de libérer, de partager leurs émotions négatives et de retrouver l’énergie et la motivation pour continuer d’avancer, le regard tourné vers l’avenir.

Le cas du CERN

Dans certains environnements de travail, les émotions restent cependant enfouies au plus profond de chaque être et ne se dévoilent pas. Elles sont encore moins considérées comme un sujet de discussion possible avec les collègues. C’est dans ce contexte que Fabio Lunardi, manager d’une équipe de quinze ingénieurs au CERN, à Genève, a fait appel en 2023 à Arnaud Collery, CEO de Humanava, qui propose des suivis d’équipe conçus pour faire croître leur engagement grâce à des conseils personnalisés. Debout devant l’auditoire, les deux hommes racontent leur expérience.

«J’ai dû convaincre les ressources humaines de la pertinence de cet exercice», commence d’emblée Fabio Lunardi, qui confie de surcroît que certains membres de son équipe lui ont fait, dans un premier temps, part de leur scepticisme quant à la démarche.

«Nous avons besoin d’une journée complète afin que quelque chose s’opère», complète Arnaud Collery qui a fait le déplacement au CERN. Il utilise la technique du story-telling, qui consiste à faire parler les gens un à un. A travers les récits personnels, les gens se découvrent. Pour ce faire, «il faut des jeux et de l’improvisation où on rigole» ajoute-t-il, avant de poursuivre: «Ce sont les différences qui rassembleront le groupe». Pour lui, le succès est composé à une très grande majorité de soft skills.

«Nous finissons toujours par un rituel dans lequel chacun s’engage sur un changement, petite étape pour entamer la transformation», conclut Arnaud Collery.

Quel a été le résultat? demande Arnaud Collery à Fabio Lunardi. «Les sentiments et les émotions sont plus visibles dans les discussions et chacun fait plus le pas vers l’autre.» Plutôt positif, donc.

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