#Médicaments «La pénurie de médicaments en pharmacie est inédite en Suisse.»
Quelles sont les activités de l’association que vous présidez, Pharma Genève?
Notre comité, composé de onze pharmaciens, se réunit une fois par mois. Notre association représente cent pharmacies et plus de deux cents membres individuels. Nous avons plusieurs missions. L’une est de travailler en commissions thématiques, notamment la formation continue. Ce thème est important pour nous, comme celui de la relève. Notre programme de formation continue pour les pharmaciens du canton, organisé en cours du soir, est validé par l’Université de Genève. Nous en organisons environ une dizaine par année sur des sujets précis, comme l’oncologie.
L’une de nos autres missions est de défendre les intérêts des professionnels, notamment sur le plan politique, en travaillant sur les lois concernant la profession. Nous œuvrons pour faire reconnaître les nouvelles prestations offertes par les pharmaciens depuis plusieurs années. C’est important, car notre modèle économique ne fonctionne plus uniquement sur la distribution de médicaments, sur lesquels on nous demande régulièrement de baisser nos marges.
Être pharmacien à Genève, est-ce différent que dans un autre canton?
Globalement, cela reste la même chose dans chaque canton. Les changements sont davantage liés au fédéralisme et à l’implication ou non des professionnels dans les questions de santé et la marge de manœuvre laissée par les autorités cantonales. Par exemple, le canton de Vaud a rapidement donné l’autorisation aux pharmaciens de vacciner contre le covid-19 dans leur officine, ce qui n’a pas été fait de suite à Genève, où nous avons participé à l’organisation du centre de vaccination de Palexpo.
Quels sont les défis auxquels vous devez faire face actuellement?
Le covid a été un défi important pour la profession. Nous avons énormément travaillé pour trouver des solutions tout en gardant nos officines ouvertes. L’un des défis que nous avons actuellement est de faire reconnaître les pharmaciens comme des vrais prestataires de santé, notamment auprès de l’assurance-maladie. C’est un combat national. Nous ne sommes plus uniquement des distributeurs de médicaments prescrits par ordonnance, nous faisons aussi de la vaccination, prodiguons des conseils de santé ou des consultations entièrement personnalisées. Nous sommes devenus un service global. Actuellement, notre profession doit faire face aux pénuries.
Justement, parlons-en.
Nous sommes très fortement touchés depuis plusieurs années. Le covid et la guerre en Ukraine ont aggravé la situation. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation inédite en Suisse, où nous manquons de plus de mille molécules. En Europe, cela concerne des médicaments comme l’ibuprofène. Certains antibiotiques très courants, certaines gouttes pour les yeux et certains types de spray nasaux font défaut.
Comment faites-vous face à cette situation?
Dès qu’un produit manque, nous amenons le patient vers des solutions de remplacement. Par exemple, tout simplement en remplaçant du paracétamol 1000 mg par du 500 mg, en lui disant de prendre deux comprimés. Cela marche jusqu’à un certain point. Certains patients, très inquiets des pénuries, font des stocks de certains médicaments, ce qui entraîne d’autres pénuries. Il faut parfois proposer un traitement sous d’autres formes ou le préparer directement en officine. Tout cela se fait bien sûr en lien étroit avec le médecin traitant.
Quels sont les projets de votre association?
Nous travaillons sur un projet de promotion du métier. Il s’organise autour de capsules vidéos de promotion sur les réseaux sociaux. Nous mettons en avant les prestations proposées en pharmacie, parfois méconnues du public. La première capsule a été publiée en octobre 2022. D’autres sont prévues d’ici à juin 2023.
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