«Nous prenons conscience de la fragilité de notre approvisionnement»

Blaise Matthey - Directeur général FER Genève
Blaise Matthey - Directeur général FER Genève
Rédaction
Publié vendredi 26 août 2022
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#Rentrée des entreprises Le risque de pénurie d’électricité découle de la situation géopolitique et de la fin des négociations de l’accord cadre avec l’UE.

«Plusieurs fronts inattendus se sont ouverts ces derniers mois.

Tout d’abord, celui de l’approvisionnement en énergie et en matières premières. Pas un jour sans que l’on parle de probables coupures d’électricité cet hiver.

Nous prenons conscience pour la première fois depuis les années 1970 de la fragilité de notre approvisionnement et de l’impact qu’aurait une pénurie d’énergie sur notre quotidien.

On doit s’y préparer. Et il semble que cela prenne du temps. Le danger d’une récession économique générale semble écarté, même si les prévisions ont dû être revues à la baisse. Mais la situation demeure inquiétante. Le fonctionnement de notre économie, comme de notre société en général, est hautement conditionné par la disponibilité de l’électricité et du gaz.

Au quotidien, des habitudes de travail risquent de devoir être revues. Verra-t-on un accroissement des échanges virtuels, qui consomment beaucoup d’électricité? La transformation du monde du travail, accélérée en raison du Covid, se poursuivra t-elle? Si l’on manque d’électricité, elle risque de prendre un tournant nouveau.

Plus largement, la rareté de la ressource et l’augmentation de son prix lancent un nouveau débat politique sur l’approvisionnement en matières premières et en énergie. La compétition autour de la ressource générera des tensions et conduira à des arbitrages. Lorsqu’il faudra envisager des coupures, les priorités devront être établies en tenant compte des besoins de l’économie.

La crise énergétique met une fois de plus en évidence l’interdépendance des Etats européens, dont le nôtre, et la nécessité de trouver des solutions communes face aux crises.

Relations avec l'UE

L’un des moyens de sécuriser notre approvisionnement consiste à signer un accord sur l’électricité avec l’Union européenne. Pour cela, il faut que l’on sache ce que l’on veut faire de nos relations politiques avec l’UE. L’abandon unilatéral de l’accord cadre n’a pas contribué à les améliorer.

Nous continuons à demander à ce que soit proposée au plus vite une solution garantissant un cadre stable et évolutif. C’est par ce biais que l’on peut espérer débloquer le dossier énergétique, celui de la recherche, des obstacles techniques ou des prestations financières. Il faudra que l’Union syndicale suisse (USS), inflexible sur le dossier des mesures d’accompagnement, en dépit de son credo européen, fasse preuve d’ouverture. Il en va de même pour les revendications salariales.

Augmentation des salaires

L’USS ne peut s’inquiéter de l’inflation, revendiquer une adaptation substantielle des salaires et bloquer le dossier européen, avec ce que cela implique sur celui de l’énergie. Le conflit en Ukraine et la raréfaction des matières premières ont conduit à la résurgence de l’inflation. Couplée à la hausse annoncée des primes d’assurance- maladie, elle a conduit les syndicats à demander des augmentations généralisées de salaires de 3% à 5%. On peut avoir de la compréhension pour la perte de pouvoir d’achat des salariés. La porte n’a jamais été fermée du côté patronal. Mais il faut aussi comprendre l’état dans lequel se trouvent les entreprises. Elles font face, après le Covid, à de grandes incertitudes quant à leur approvisionnement et au renchérissement du prix de leurs produits et services. Pour adapter les salaires, notre pays a un minfécanisme de négociation des conventions collectives de travail largement décentralisé par branches, régions et entreprises qui a fait ses preuves. Il couvre largement la population active et sert plus globalement d’indicateur pour toute l’économie. A preuve, le fait que les salaires réels ont augmenté ces dernières années. Les salaires et le pouvoir d’achat en Suisse sont parmi les plus élevés au monde.

La bonne conjoncture, malgré les incertitudes qui entourent l’avenir, tend le marché du travail. La main-d’œuvre se fait rare. Si l’on veut s’attacher ou conserver ses services, il faut la rémunérer correctement. Il y aura donc des hausses de salaires, mais elles doivent être négociées selon les espoirs, les attentes et les craintes des entreprises et de leur personnel.Cela ne peut être fait de manière globale et généralisée avec les seuils annoncés par les syndicats dans la presse.

Touche personnelle

C’est la dernière Rentrée des entreprises à laquelle je prends part en tant que directeur général de la FER Genève. Cette manifestation, j’y tenais en 2007, lorsque j’ai pris mes fonctions. Son objectif était de resserrer les liens entre vous et nous, de partager des réflexions sur la vie des entreprises sous une forme dynamique et concise, de permettre des échanges entre entrepreneurs. La Rentrée des entreprises est ouverte à tous nos membres. Ils y sont toujours les bienvenus. Cet événement n’aura cessé de prendre du volume. Ce soir encore, vous êtes très nombreux, alors que plane toujours le spectre du Covid.

Merci pour votre présence et pour votre enthousiasme qui montrent que nous avons répondu à vos attentes.

Bon vent pour la suite à Philippe Fleury, directeur général nommé qui prendra ses fonctions le 1er juin 2023, à la FER Genève et à ses collaboratrices et collaborateurs à qui j’exprime ma reconnaissance.» Réd.

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