Les archéologues peuvent saisir directement leurs observations dans ArcheoBase, via des formulaires adaptés aux opérations de terrain.
Flavia Giovannelli
Publié jeudi 05 juin 2025
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#Archéologie
Le site des Prés-de-Vidy, dans le canton de Vaud, fait l’objet de fouilles préventives d’une durée exceptionnelle: quatre ans.
Avant la naissance d’un futur écoquartier, le site des Prés-de-Vidy, dans le canton de Vaud, fait l’objet de fouilles préventives d’une durée exceptionnelle: quatre ans. Cette zone territoriale recèle un potentiel scientifique d’importance nationale voire internationale, ainsi que l’écrivaient déjà les archéologues en 2012. «C’est un chantier d’une ampleur rare, lié à la richesse des vestiges découverts, majoritairement d’époque romaine, avec la ville antique de Lousonna, mais aussi du mésolithique», confirme Romain Guichon, responsable d’opération.
Depuis la construction des autoroutes dans les années 1990, il s’agit du plus vaste projet du genre mené en Suisse, fruit d’années d’investigations préalables. Comme pour tout projet de ce type, la décision et le cahier des charges ont été établis par le service archéologique cantonal vaudois, afin de sauvegarder un patrimoine jugé d’intérêt majeur.
L’équipe du bureau Archeodunum s’y déploie depuis environ trois ans. Parallèlement, elle a travaillé en synergie avec AnalyticBase pour enrichir de manière active la plateforme ArcheoBase. «Les fondateurs ont pris le temps de nous écouter, de comprendre nos méthodes, dans l’optique de réellement servir la profession. Notre métier est encore en partie artisanal, puisque certains dessins sont toujours réalisés à la main, tout en s’ouvrant progressivement au numérique», explique Romain Guichon.
Cette collaboration a donc entraîné un changement de pratiques. L’usage de tablettes sur le terrain, la mise à jour en temps réel des données ou l’accès partagé à une base commune représentent de nouvelles habitudes. Le gain promis apporte plus d’interactivité, moins d’intermédiaires et une meilleure synchronisation entre les différentes étapes du travail.
Les archéologues peuvent par exemple saisir directement leurs observations dans ArcheoBase, via des formulaires adaptés aux opérations de terrain. Dans le même temps, une seconde équipe, également présente, peut entrer en jeu pour le traitement des données. Elle analyse les informations, les croise avec d’autres sources et les met en perspective. Cette simultanéité évite des déplacements et des délais qui, par le passé, ralentissaient et complexifiaient le travail d’interprétation. «C’est un changement», souligne Romain Guichon. «Deux équipes peuvent désormais collaborer quasiment en temps réel, là où il aurait fallu des semaines d’allers-retours ou de coordination entre les différents intervenants.»
Le chantier devrait révéler de nombreux objets liés à des pratiques funéraires, dont l’étude et la conservation pourront être plus rapidement prises en main par les parties prenantes – institutions scientifiques, universités, musées. «Finalement, c’est aussi sur le plan humain que ces outils numériques font une différence», conclut-il. «Ils favorisent une meilleure circulation des savoirs et renforcent les liens entre les acteurs.»
À l’échelle nationale, Lionel Pernet, président d’Archéologie Suisse, la faîtière de la branche, a réagi avec enthousiasme au sujet de la nouvelle plateforme. «C’est un changement d’échelle, une petite révolution pour la profession», n’a-t-il pas hésité à dire sur son profil personnel sur les réseaux sociaux.
Sachant que chaque canton est responsable de ses fouilles, il fallait parfois effectuer des recherches sur vingt-six bases de données, ce qui était très fastidieux. Sans mentionner les difficultés liées au fait que des fouilles se situent parfois à cheval entre deux territoires cantonaux, avec le risque d’entraîner des lacunes dans la collecte de données.
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