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Assouplir les règles salariales pour plus de places en crèche

Véronique Kämpfen Publié le lundi 06 mai 2024

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Trouver une place en crèche est un parcours du combattant. La raison en est simple: dans le canton de Genève, il manque entre 3200 et 3500 places.

De très fortes disparités existent entre les communes et les quartiers. En Ville de Genève, seul 52% de l’accueil préscolaire est garanti aux Eaux-Vives contre plus de 100% aux Pâquis. Pour pallier ces problèmes, le canton a fixé l’objectif d’atteindre à l’horizon 2029 un taux d’offre en places d’accueil de 44%. Il comprend les places financées par les communes dans les crèches et les structures pour l’accueil familial de jour (structure de coordination et crèche familiale). En 2023, il représente 35,6%.

Sachant qu’entre 2018 et 2023, 1125 places ont été créées sur le canton, soit 225 places par année en moyenne, il ne faut pas être mathématicien pour se rendre compte que les objectifs en termes d’offre et de pénurie ne seront pas atteints. Dans ce contexte, on peut se questionner sur la volonté affichée par certaines communes de vouloir municipaliser les crèches. Dans les faits, cela empêche la création de crèches privées, qui sont pourtant un moyen de combler le manque. Ces dernières sont confrontées à des difficultés de rentabilité bien plus marquées que les crèches municipales, largement subventionnées. Une place en crèche coûte, hors subventions, plus de quarante mille francs par année. Les salaires du personnel encadrant sont le poste le plus lourd en termes de dépenses. Il pèse d’autant plus sur les crèches privées que les salaires sont calqués sur les conditions très généreuses en vigueur dans le secteur public.

Pour desserrer un peu ce corset salarial, un projet de loi a été déposé pour élargir le choix des référentiels salariaux permettant d’exploiter une structure, pour que les crèches privées ne soient pas soumises aux même règles salariales que les crèches publiques. Un référendum contre cette proposition ayant abouti, nous voterons le 9 juin à ce sujet. La question qu’il faudra se poser est la suivante: voulons-nous plus de places en crèches? Si la réponse est oui, alors il faut voter en faveur de la loi sur l’accueil préscolaire. Celles et ceux qui craignent pour la qualité des places en crèches privées peuvent être rassurés. Le taux d’encadrement et le contrôle de la qualité de la prise en charge des enfants sont les mêmes dans toutes les structures d’accueil du canton. La modification législative proposée permettra simplement au secteur privé de continuer à proposer des prestations dans le domaine de la petite enfance, tout en évitant un monopole d’Etat dans ce domaine, qui ne servirait en rien les intérêts de la population.

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