#Marché automobile De grands changements agitent le marché. Leur impact? Les principaux intéressés sont encore indécis.
Le secteur automobile est-il en train de virer de bord en 2023? Tel semble être le cas si l’on considère les chiffres donnés par auto-suisse. La faîtière des importateurs d’automobiles en Suisse et au Liechtenstein constate un redressement de la situation après deux années difficiles, avec une augmentation de 15,8% des immatriculations en août 2023, comparé à août 2022. Comme le précise Christoph Wolnik, responsable de la communication d’auto-suisse, il faut regarder le tableau dans son ensemble pour en tirer des conclusions. En effet, malgré douze mois consécutifs de croissance du marché, le niveau cumulé depuis le début de l'année reste inférieur d'environ 20% à celui d'avant la pandémie.
De nombreux défis attendent le secteur dans un avenir plus ou moins proche. Du petit garage familial au grand importateur de véhicules, les principaux intéressés en sont bien conscients, certains avouant même essuyer des pertes dues à la mutation du modèle économique.
Le chaud et le froid de l’électromobilité
La mobilité électrique risque d'être mise à mal avec l'insécurité d'approvisionnement persistante, la hausse des prix de l'électricité et la réintroduction des droits de douane industriels par l'extension de l'impôt automobile aux voitures électriques.
Selon les points de vue, certains évoquent soit un ralentissement avéré, soit un retour au réalisme. «Très franchement, de mon côté, les voitures électriques ne se vendent pas. Les clients n’ont pas l’audace de sauter le pas maintenant. Toutefois, ayant été précurseur avec Toyota dans les modèles hybrides, je constate qu’ils ont une cote stable», indique Urs Burger, vice-président de l’UPSA - Section Genève.
De son côté, Fabien Bonelli, concessionnaire Volkswagen en Suisse et membre du comité de l’UPSA Genève, confirme que tout ne se passe pas aussi vite que prévu. «Les clients s’y intéressent, car ils sont sensibilisés à leur empreinte carbone. Dans la majorité des cas, toutefois, ils renoncent, à cause des nombreux obstacles qui demeurent. Parmi ceux-ci, je citerai principalement le manque de bornes de recharge, mais aussi les performances des moteurs électriques. Cela peut convenir lorsqu’il s’agit du deuxième véhicule d’un foyer, mais pour les grands déplacements, les acheteurs continuent de miser sur les moteurs thermiques.»
Tous sont conscients que la situation peut évoluer, dans un sens ou un autre, selon les progrès technologiques et les décisions politiques. «L'annonce du Conseil fédéral de prélever la taxe automobile également sur les voitures électriques à partir de 2024 a accru l'incertitude sur le marché. La politique souhaite-t-elle ou non le passage à la mobilité électrique? Les signaux ne sont pas clairs pour l'instant», commente Christoph Wolnik.
Toucher le client final
Dans cet écosystème, il existe actuellement une répartition nette entre les tâches des constructeurs et celles des concessionnaires. Les premiers se chargent de la conception et de la fabrication des véhicules, tandis que les seconds assurent la distribution et les services liés aux modèles de telle ou telle gamme des constructeurs spécifiques qu’ils représentent.
Il leur appartient ainsi de se démarquer par des offres personnalisées, voire par des services de financement, et d’utiliser leur expertise du marché local afin d’assurer le succès de leurs affaires. A eux aussi de garantir la maintenance et les réparations, ainsi que les ventes de pièces de rechange d’origine du constructeur. Ces services complémentaires contribuent à augmenter notablement la part de leurs marges bénéficiaires. En d’autres termes, ils subissent les avantages et les inconvénients de leur statut de franchisés.
Or, pour faire face aux difficultés rencontrées ces dernières années, les constructeurs automobiles ont commencé à réduire le nombre d’intermédiaires et certains pensent même passer au modèle «tout agence» en éliminant les revendeurs dans la chaîne d’approvisionnement, afin de comprimer le plus possible les coûts de distribution. Les constructeurs reprendraient ainsi un contrôle accru des véhicules vendus et distribués, dictant leur politique de tarification, les normes de services et les exigences en matière de formation pour les concessionnaires restants. Cette évolution entraînera nécessairement une uniformisation des conditions de vente.
De l’avis général, cette mutation présente à la fois des avantages et des dangers. Elle pourrait entraîner des tensions accrues entre les parties concernées, tandis que les ajustements nécessaires ne peuvent pas se faire du jour au lendemain. «Il reste difficile de savoir quand et comment s’opérera cette mue, sachant que nous dépendons entièrement de la stratégie des constructeurs, qui dictent la loi», admet Fabien Bonelli.
Quel que soit le cas, certaines missions incombant aux concessionnaires perdureront: «Avec le parc roulant suisse, qui compte encore un très grand nombre de véhicules thermiques, nous avons du travail assuré pour les vingt ou trente prochaines années», conclut Fabien Bonelli.
Pour auto-suisse, le secteur automobile a intérêt à se préoccuper d’une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. De nombreuses mesures sont prises pour rendre les emplois plus attrayants, en comptant notamment sur l'aspect émotionnel des produits phare et le fait d’être au contact de l’innovation technologique.
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