Imaginons un monde où les personnalités politiques seraient évincées par l’intelligence artificielle (IA).
En cette année 2024, marquée par un nombre record de scrutins d’importance dans de nombreux Etats, comme la Russie, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil et les Etats-Unis, cette interrogation résonne avec force. Serions-nous mieux lotis sans élus? Autrefois, ce scénario aurait semblé tout droit sorti d’une dystopie. Aujourd’hui, cette vision de science-fiction devient de plus en plus tangible, même si nous n’avons pas encore vu de robots saluer la foule après une victoire électorale.
En coulisses, les algorithmes sont déjà à l’œuvre. Dans de grandes villes, telles que Los Angeles ou Tokyo, l’intelligence artificielle influence déjà l’élaboration des politiques publiques, en l’occurrence dans le domaine des transports ou de projets de végétalisation. Lors des élections législatives au Danemark fin 2022, le Parti synthétique (sic!), entièrement géré par une IA, a tenté de remporter un siège au Parlement en mobilisant les abstentionnistes autour d’idées comme l’augmentation du salaire minimum, défendues par des partis trop petits pour avoir une chance. Bien que cette expérience n’ait pas abouti, elle soulève des questions sur le rôle que nos sociétés accorderont à l’intelligence artificielle dans la gouvernance globale.
Alors que la défiance envers les dirigeants augmente dans de nombreux pays du globe, il est légitime de se demander si les robots peuvent améliorer la pratique démocratique ou, au contraire, devenir complices des élites au pouvoir. Face aux perspectives d’un joug toujours plus écrasant de la technologie, il est impératif d’utiliser nos cellules grises ainsi que nos émotions pour établir des garde-fous. Ne restons pas spectateurs d’un monde où nous serions les jouets de l’opacité des systèmes et de la fulgurance de l’époque. Il est grand temps d’envisager la création mathématique de normes éthiques pour garantir la neutralité de l’IA. Ecoutons à ce sujet les conseils d’une militante scientifique et experte en données1, qui nourrit une vision combative des défis qui nous attendent. Ensemble, investissons dans des solutions qui préservent l’humanité tout en embrassant les avancées technologiques afin de bâtir un avenir où la démocratie n’est pas qu’au service de quelques-uns.
1Cathy O’Neil, mathématicienne à Harvard, auteure de Algorithmes, la bombe à retardement.
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