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Congé parental: les Verts chargent la barque

Stéphanie Ruegsegger Publié mercredi 29 mai 2024

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Le congé paternité vient d’entrer en vigueur, avec un succès encore mitigé. Dans le même temps, le projet de congé parental accepté en juin dernier par les citoyens genevois vient de prendre un coup de massue juridique: comme on pouvait le craindre, il n’est pas conforme, pour le moment, au droit fédéral. C’est dans ce contexte nébuleux que les Verts suisses ont sorti leur dernière proposition: un congé parental de trente semaines, paritaire.

Que les Verts proposent d’étendre encore le filet social n’est guère surprenant. En termes d’agenda politique, cela leur permet de rebondir après leur défaite des dernières élections fédérales et de sortir de leur discours climatique anxiogène, qui explique en partie ce résultat. Ce qui surprend en revanche, ce sont les arguments en faveur d’un tel congé paritaire. Selon eux, il permettrait de mettre un peu d’égalité entre les parents en termes de congé et serait de nature à augmenter le taux d’occupation des femmes sur le marché du travail.

Permette aux pères de s’impliquer dès la naissance dans leur rôle de parent a sans doute un effet bénéfique sur la suite du partage des tâches au sein de la famille. Il est toutefois étrange de vouloir l’égalité dans un domaine où les répercussions physiologiques d’une naissance ne sont pas les mêmes pour la mère, qui a porté l’enfant et a accouché, que pour le père. Il oublie également que le récent congé paternité de quinze jours peine à convaincre l’ensemble des pères. Dans ce contexte, prévoir un congé de quinze semaines paraît pour l’heure irréaliste.

Ensuite, on comprend difficilement en quoi ce congé accroîtrait la participation des femmes au marché du travail. Les pistes qui permettent de mieux concilier vies privée et professionnelle, et donc d’augmenter le taux de travail des femmes, sont connues: une politique fiscale moins entravante pour les couples qui travaillent, davantage de places en crèches ou des horaires scolaires plus adaptés.

Mais les Verts sont muets à ce sujet. L’argument d’une mise sur pied d’égalité entre les entreprises n’est pas davantage convaincant. Le fait est que certaines entreprises proposent des congés allant au-delà du minimum légal à leur salariés. C’est un choix, qui est fonction de leur politique et structure d’entreprise. D’autres proposent du télétravail, un treizième ou un quatorzième salaire, davantage de vacances ou un horaire hebdomadaire réduit. Cela fait partie des outils en mains des employeurs pour rester attractifs auprès de leurs employés, et cette liberté d’action doit est conservée.

Last but not least, la proposition des Verts a un coût. Ils ne l’éludent pas, même s’ils ne le chiffrent pas. En revanche, ils proposent un mode de financement: une perception sur les salaires. Encore une, puisque la treizième rente AVS sera sans doute également financée par une perception sur les salaires. Le coût du travail suisse est déjà élevé. Il serait sage de ne pas l’alourdir si l’on veut que notre pays reste compétitif et puisse continuer à offrir des conditions de vie élevées à nos habitants.

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