Conjoncture morose, mais pas mal

Crise du Credit Suisse: le secteur de la finance au niveau international en a salué la maîtrise.
Crise du Credit Suisse: le secteur de la finance au niveau international en a salué la maîtrise. creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/
Maurice Satineau
Publié lundi 05 février 2024
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#Forum Horizon 2024 Le monde semble ne pas évoluer de façon satisfaisante, et pourtant la Suisse s’en sort encore une fois plutôt bien, tout comme les géants du luxe.

«Dans ce monde difficile, il ne faut pas laisser diminuer nos avantages compétitifs», tel est le pressant conseil donné par Hanne de Mora, administratrice de Nestlé, lors de l’ouverture du Forum Horizon 2024 à l’IMD business school de Lausanne le 1er février.

Le secteur de la finance a salué au niveau international la maîtrise de l’incendie de Credit Suisse. La grande manœuvre a sans doute évité une crise majeure.

Elle se trouve aux côtés de Beyoncé sur la liste des femmes les plus influentes du globe, mais la Conseillère fédérale Karin Keller Sutter garde toujours le même tempo: «Il ne faut pas que la Suisse vive au-dessus de ses moyens. Toutes les tâches et engagements de la Confédération seront passés en revue, il y a certainement des paramètres à ajuster dans les dépenses».

La manière de gérer la Confédération helvétique plaît aux managers. «Il y a une forme de décentralisation et de diplomatie qui est très utile», confie Chantal Gaemperle, responsable des ressources humaines du groupe LVMH. Le géant du luxe croit aux structures légères et à la réactivité dans les temps difficiles. La dernière période le montre: la morosité du contexte pousse les gens vers les produits de haut de gamme dès qu’ils le peuvent. «Vingt mille francs pour une montre suisse, est-ce vraiment beaucoup?», s’interroge Patrick Pruniaux, cofondateur et directeur général du groupe suisse de haute horlogerie Sowind Group. Avec ses quelque cinq cents employés passionnés de Swiss made, il partage la philosophie des plus grands: une marque doit transmettre un message. Le client achète du rêve, de l’excellence, un fragment de culture. Elle aussi en pleine expansion cette année, la maison Chanel ne croit à la vente en ligne que pour une minorité de ses produits.

Grande attention

Les entreprises et la Confédération gardent un œil attentif sur la Chine. «Pour notre usine genevoise, il s’agit de notre second marché», précise Etienne Jornod, président exécutif d’OM Pharma.

En termes diplomatiques, l’ambassadeur chinois Wang Shihting présente les rapports avec la Suisse comme un exemple, pour son pays, de ses relations avec l’Occident en général et l’Europe en particulier. La place financière helvétique pourrait tirer profit de la nouvelle législation chinoise qui autorise la détention à 100% des entreprises du secteur créées sur sol chinois. Pourtant, il y a comme une sorte de prudence: «Nous sommes aussi tributaires de notre propre regard sur la réalité chinoise», analyse Gérald Béroud (SinOptic), spécialiste de ce marché.

La République populaire de Chine met volontiers l’accent sur la neutralité de la Suisse. Au niveau macroéconomique suisse, comme dans le secteur du luxe, tout le monde admet que l’économie chinoise joue un rôle irremplaçable dans la croissance mondiale, en dépit de son ralentissement et des incertitudes géostratégiques. Pour tous ces acteurs, cela ne signifie plus une expansion débridée en terre chinoise comme ce fut le cas durant ces vingt dernières années, mais une présence plus sélective et plus diversifiée.

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