La COP30 a lieu à Belém, au Brésil.
Foto Sergio Moraes/COP30
Maurice Satineau
Publié mercredi 03 décembre 2025
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#Environnement
A chaque conférence sur le climat, la diplomatie climatique prend de l’épaisseur politique. Mais pas forcément pour se rapprocher du but recherché.
D’une COP (Conférence des Parties: réunion annuelle des Etats pour fixer les objectifs climatiques mondiaux) à l’autre, le vertige des chiffres reste identique. A Belém, au Brésil, les experts ont planché sur la possibilité de trouver tous les ans quelques milliards de dollars d’investissements supplémentaires sur le globe afin de conjurer la poussée du thermomètre dans chaque pays, le tout durant au moins une génération. Cette référence tombe plutôt mal, à une époque où de nombreux pays déjà lourdement endettés se demandent si la prochaine génération pourra assumer leur passif financier. L’effort budgétaire final sera beaucoup plus modeste. Dans leur force d’impression, les gros chiffres ont un contenu politique de gestion et de représentation. Clamer que tel ou tel pays a des milliers de milliards de dette climatique, compte tenu de ses rejets carbone depuis la révolution industrielle de 1850, c’est convoquer le tribunal de l’histoire avec un dossier exclusivement à charge.
Au présent, il est bien sûr souhaitable d’améliorer le calcul du fameux produit intérieur brut pour une meilleure prise en compte des questions environnementales. Ce débat débouche lui aussi sur le terrain politique, puisqu’une définition commune de capital climatique n’existe pas et que les comptes nationaux eux-mêmes connaissent des variantes ou des imprécisions parfois surprenantes d’un gouvernement à l’autre.
Guerre et paix
D’un côté, il y a l’historique du processus. La COP 30 au Brésil et la COP 31 annoncée en Turquie confortent des mécanismes multilatéraux, imparfaits et défaillants selon les comportements des acteurs, mais toujours en vigueur. De l’autre côté, il arrive que les discours officiels se brouillent sur la scène internationale. La nécessité de préserver l’environnement au nom de l’humain est affirmée, toute comme la détermination à préparer un éventuel conflit armé au nom des valeurs. On cherche donc à savoir si des flux de capitaux changent brutalement d’affectation. Il serait impossible d’envisager une écologie de paix et une écologie de guerre. De même, les échanges internationaux sont encore accusés de tous les maux alors que la tendance est plutôt aux mesures protectionnistes.
Des influences
Dans un cadre plus large, le système COP est dorénavant un terrain de compétition entre les Etats autant qu’une enceinte de coopération. La Chine y promeut ses solutions technologiques, les Etats-Unis ne s’intéressent plus guère à la protection de la nature. L’Union européenne essaie d’établir une batterie de normes, tandis que le Brésil se forge un nouveau profil de leader alternatif. La lutte contre le changement climatique est une sphère d’influence à part entière, connectée à celles du commerce et de l’énergie. Sur le papier, les résultats des COP n’ont rien de vraiment obligatoire en termes juridiques, mais leur poids politique s’affirme à chaque session.
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