Davantage de diversité est bénéfique pour l’économie
Nathalie Fontanet.
Flavia Giovannelli
Publié le vendredi 03 mars 2023
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#Egalité La diversité et l'inclusion au service des entreprises.
Nathalie Fontanet, conseillère d’Etat en charge du Département des finances et des ressources humaines, interviendra en ouverture d’un événement organisé par la FER Genève sur le thème de l’égalité au sein des entreprises le 9 mars. Interview en amont de la conférence.
Chaque année, nous constatons que l’égalité des sexes n’est pas atteinte en Suisse, malgré que le principe soit établi dans la Constitution. Vos observations?
Un principe constitutionnel est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant. Il faut d’une part le concrétiser dans des lois fédérales et cantonales, mais aussi plus globalement faire évoluer les mentalités. Dans notre société, le sexisme, les stéréotypes de genre et la division sexuée des rôles sont encore bien présents. Ils se reproduisent d’une génération à l’autre, d’où l’importance d’informer et d’éduquer les enfants et les jeunes à ces thématiques. S’agissant du cadre légal, la loi sur l’égalité est encore relativement récente. Il faut attendre pour en voir les effets. L’un des enjeux est de faire mieux connaître leurs devoirs et leurs droits aux employeurs, ainsi qu’aux personnes potentiellement concernées par des discriminations. Un guide a d’ailleurs été publié dans ce but en 20201.
Quels sont les moyens les plus efficaces de promouvoir plus d’égalité dans le monde du travail?
Je vois trois piliers pour la promotion de l’égalité dans le monde du travail. Le premier consiste à informer les entreprises sur cette thématique et la plus-value qu’elle représente. Le second est de leur faire connaître les divers outils à leur disposition pour promouvoir l’égalité. Troisièmement, il s’agit de les accompagner dans leurs démarches, notamment en évaluant les besoins et en les aidant à choisir les outils les plus pertinents.
Faut-il accepter que ces changements prennent du temps ou cela entraîne-t-il des risques de régression?
La promotion de l’égalité reste un défi permanent. Il faut certes de la patience, mais aussi de la volonté, des actions concrètes et des exemples positifs de femmes qui s’engagent et deviennent des modèles. Faut-il aussi faire des efforts pour encourager les femmes à intégrer des conseils d’administration? Il est impératif de lutter contre le phénomène du plafond de verre. Bien que les femmes soient de plus en plus actives professionnellement et de mieux en mieux formées, elles sont encore sous-représentées aux postes à responsabilité et dans les sphères décisionnelles, tant dans le monde de l’entreprise qu’au niveau politique. Or, promouvoir une représentation équilibrée des femmes et des hommes à tous les niveaux permet non seulement de refléter davantage la réalité sociale, mais aussi d’optimiser la diversité des points de vue et des idées et de gagner en innovation et en efficacité. Pour le secteur public, un grand pas a récemment été franchi: une modification de loi prévoit désormais une représentation minimale de 40% de femmes au sein des conseils d’administration des établissements publics et des commissions officielles de l’Etat.
Doit-on mettre en avant le fait que plus d’inclusion rend les entreprises plus performantes?
Il est prouvé que l’égalité est une plus-value pour les entreprises. Parmi ses multiples bénéfices, il est possible de mentionner une image moderne et progressiste de l’entreprise, et donc une meilleure attractivité sur le marché du travail; une compétitivité accrue, grâce à un climat de travail égalitaire et inclusif qui favorise l’engagement des membres du personnel et une fidélisation des collaboratrices et collaborateurs. Plus prosaïquement, pour l’économie, la promotion de l’égalité et l’encouragement de l’accès des femmes au monde du travail est aussi une réponse à la pénurie de main-d’œuvre dont de nombreuses branches souffrent actuellement.
Les actions concrètes doivent-elles commencer tôt, par exemple dès l’école primaire ou en tout cas au Cycle d’orientation?
Une sensibilisation dès le plus jeune âge est primordiale. Il faut lutter contre les stéréotypes de genre, qui apparaissent dès la petite enfance via les jeux proposés ou les comportements valorisés différemment chez les filles et les garçons. Lorsque les enfants grandissent, ils doivent être informés de leurs droits, qui sont les mêmes pour les filles et les garçons. Un des enjeux en la matière est d’élargir les horizons des jeunes en matière d’orientation scolaire et professionnelle et de leur permettre de faire leurs choix en s’affranchissant des préjugés.
La journée Futur en tous genres permet chaque année de leur faire découvrir des métiers et des domaines d’activité dans lesquels leur genre est jusqu’à présent sous-représenté. Il est beaucoup question de la «charge mentale» qui pèserait davantage sur les femmes que sur les hommes. Que peut-on faire? Dans le cadre de la prise de conscience actuelle de ce genre de difficultés, certaines mesures peuvent être prises dans le monde du travail, telles que la flexibilisation des horaires, l’accès au temps partiel, tant pour les femmes que pour les hommes et, de manière générale, toutes les mesures favorisant la conciliation entre vies privée et professionnelle.
A plus long terme, un véritable congé parental est aussi de nature à mieux répartir la charge mentale, puisqu’il permet au père de s’investir durablement au quotidien auprès de son enfant dès le plus jeune âge, et pas seulement d’intervenir en soutien à la mère.
Les nouveaux modes de travail post-pandémie ont-ils réduit ou creusé les aspects d’inégalité, selon vous?
Le télétravail, qui a connu un très fort développement depuis la pandémie de covid, présente des opportunités en matière de promotion de l’égalité, mais aussi des risques, par exemple celui de brouiller les limites entre le travail et la vie privée et augmenter ainsi la charge qui pèse le plus souvent sur les femmes.
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