Pierre Cormon Journaliste Publié vendredi 04 février 2022
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Etes-vous pour ou contre les organismes génétiquement modifiés (OGM)? Le gaz de schiste? La gestation pour autrui? La 5G?
C’est souvent en ces termes que les grands débats sont posés. Il serait pourtant plus intéressant de les aborder sous un autre angle.
Prenons les OGM. Les opposants s’appuient généralement sur les pratiques en vigueur dans les Amériques pour s’opposer à leur culture en Suisse. Là-bas, on plante du soja résistant au glyphosate et on l’arrose abondamment de cet herbicide, à titre préventif (ce qui est interdit en Suisse, OGM ou pas).
Cela peut créer des problèmes de santé aux travailleurs agricoles et aux riverains, et provoquer l’apparition de résistances chez les mauvaises herbes. Il y a tout lieu de s’opposer à ces pratiques. Elles ne sont cependant pas consubstantielles aux OGM. Rien n’empêche de cultiver ces derniers avec un usage restrictif des pesticides. Le génie génétique peut même permettre de le diminuer, en créant des plantes plus résistantes.
Les opposants s’inquiètent
également de ce qu’on introduise du matériel génétique d’autres espèces dans le génome d’une plante. Or, de nouvelles méthodes permettent de réarranger celui-ci sans introduire aucun gène extérieur, comme cela se fait lors de la sélection naturelle, mais de manière beaucoup plus rapide et ciblée.
L’exploitation
du gaz de schiste et des autres gaz non conventionnels provoque également des dégâts environnementaux dévastateurs en Amérique du Nord. Les ressources du sous-sol y appartiennent aux propriétaires du terrain, qui les exploitent comme bon leur semble, ou presque. Ce n’est pas le cas en Europe, où elles appartiennent à la collectivité. On ne peut donc les explorer ou les exploiter qu’avec une concession des autorités, qui peuvent dès lors poser des conditions strictes au forage. C’est ce qu’a fait le canton de Vaud il y a quelques années, lorsqu’une société avait décidé d’explorer les réserves de gaz non conventionnels sous le Léman. Même les organisations de défense de l’environnement avaient jugé que le forage présentait toutes les garanties. Bref, dans toute une série de débats, l’opposition binaire «pour» ou «contre» est outrageusement réductrice et enferme les participants dans des positions figées. Il vaudrait mieux se demander: existe-il des conditions auxquelles ont pourrait autoriser les OGM? L’exploitation des gaz non conventionnels? La gestation pour autrui? Si oui, quelles sont-elles? On pourrait alors aboutir à des solutions bien plus créatives et équilibrées que des moratoires ou des interdictions.
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