Des chiffres et du cœur

Perpétuer la tradition autant que l’activité économique.
Perpétuer la tradition autant que l’activité économique.
Maurice Satineau
Publié vendredi 09 septembre 2022
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#Transmission d'entreprise Transmettre son entreprise est un moment crucial dans la vie d'un entrepreneur et de son entreprise.

La décision de se retirer est un moment émotionnel fort pour les patrons. «Ils se sentent personnellement attachés à leur entreprise. C’est ce qui explique qu’ils attendent souvent le dernier moment», indique l’étude de Credit Suisse publiée début septembre. Ce moment peut être entouré par des éléments privés intenses, tels que des problèmes de santé. En revanche, personne ne semble transmettre son entreprise pour se lancer dans un autre métier. Côté finances, seuls 9% des responsables interrogés mentionnent l’occasion de faire une bonne affaire.

«Quarante-quatre pour cent de celles et ceux qui reprennent une entreprise estiment que celle-ci dépendait fortement ou plutôt fortement de leur précédent responsable», constatent les experts. La dimension familiale accentue le phénomène. La succession intrafamiliale représente 53% des transmissions, avec une forte représentation des descendants directs (42%). La dimension affective s’érode si la société familiale est relativement jeune. En filigrane apparaît alors un lien très ancré dans l’histoire: la tradition. Il s’agit de la perpétuer, autant que l’activité économique.

D’une manière générale, recevoir cette transmission relève de la foi dans les affaires concernées, de l’attachement à l’unité de production. L’intérêt financier et la reconnaissance sociale ne sont que rarement mentionnés. Les spécialistes ont dressé une sorte de comptabilité d’un genre nouveau: l’immatériel émotif, qui a fait vivre l’entreprise durant de longues années. Il part en partie avec la personne qui se retire, l’autre partie nourrissant celle qui prend le relais. «Si les aspects émotionnels jouent un rôle important, ils sont souvent sous-estimés. Pour que les émotions n’affectent pas négativement le processus de succession, il est nécessaire de les prendre en compte dès la planification, à la fois pour les cédants et pour les repreneurs.»

Ce constat peut paraître surprenant, car la sphère de l’émotion et du sentiment échappe justement à la froideur managériale. Dix-huit pour cent des personnes interrogées ont admis avoir recours à un soutien externe. Il faut leur ajouter celles qui parlent du sujet en comités internes très restreints, grâce à des liens de parenté ou amicaux.

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