#Biodiversité La préservation de la faune et de la flore, menacées par la fragmentation de leurs habitats, fait l’objet d’une collaboration transfrontalière renforcée depuis 2012.
Toutes les nuits, la pipistrelle commune, parmi la vingtaine d'espèces de chauves-souris présentes dans la région, part chasser du côté du Salève et, quand le jour arrive, rejoint la colonie en Suisse. Sans le savoir, cet animal franchit régulièrement la frontière pour ses besoins vitaux. A l’instar des quelque cinq cent mille passages quotidiens humains aux frontières franco-suisses, la faune et la flore se déplacent. Cependant, les obstacles, dans une région sous pression urbaine accrue, sont très nombreux. Pollution lumineuse venant perturber les richesses de la nuit, autoroutes coupant un territoire propice à la vie sauvage, parking ou surfaces bétonnées venant couper des zones humides: les dégâts pour la biodiversité sont énormes. C’est là que les corridors biologiques, ces voies de passage maintenues pour la nature, jouent un rôle clé. Pour qu’ils remplissent leur rôle, il faut cependant qu’au minimum 30% du territoire soit couvert par un vaste réseau interconnecté.
La prise de conscience de la nécessité de prendre des mesures de préservation ou de compensation débute dans les années 1990. «La faune a besoin de se déplacer pour se nourrir, se reproduire ou migrer, tandis que la flore doit propager du pollen ou des graines pour perdurer. Pour limiter la perte de notre patrimoine, ces enjeux sont devenus d’intérêt public», résume Aline Blaser, cheffe de programme auprès du département du territoire (DT) depuis douze ans.
Ces fameuses zones de passage sont un outil à la fois technique et financier, qui peut prendre des visages très divers selon les sites et l’objectif. Ainsi, les grands animaux présents dans la région, comme les cerfs, passent d’une forêt à l’autre en groupes. Il s’agit d’éviter de les isoler, en leur offrant une solution lorsque leur trajet est coupé par une autoroute, par exemple. S’agissant des écureuils et des hérissons, l’échelle change, mais le principe reste identique: il ne faut pas que le chemin soit entravé par un mur ou par une clôture infranchissables. De même, les lumières ou les pylônes électriques peuvent aussi fragmenter le passage de la faune, nombreuse et active la nuit.
Coopération franco-suisse indispensable
Le Grand Genève a la particularité d’impliquer une approche transfrontalière s’occupant également de la protection de la biodiversité. Si la région Rhône-Alpes a été à l’origine de l’initiative d’une collaboration, c’est en 2012 que deux premiers contrats de corridors biologiques transfrontaliers ont été signés entre élus des deux côtés de la frontière. A cette époque, un rapport estimait que 30% des quinze mille espèces végétales et animales de la région étaient menacées par les infrastructures. La liste mentionnait notamment des batraciens, des chauves-souris, des salamandres, des tritons, des papillons et des écrevisses à pattes blanches.
Un plan d’action a été lancé sur cinq ans, prévoyant entre autres mesures des passages entre plusieurs communes suisses et françaises, couvrant plusieurs milliers d’hectares. Une de ces liaisons biologiques se présente sous la forme d’un pont végétalisé pour la faune: sans cela, trois infrastructures de taille, dont l’autoroute A40, une route départementale et une voie ferrée, auraient créé un problème insurmontable pour les espèces amenées à les traverser.
Concrètement, la mise en place de passages de survie implique la création d’ouvrages civils, mais aussi des mesures plus modestes, certaines pouvant être prises par des particuliers. En privilégiant telle ou telle espèce végétale pour des espaces verts ou sur un balcon, on offre une oasis à des insectes essentiels à la chaîne alimentaire. En créant de petits marais, connectés en réseaux, les grenouilles rousses pourront se reproduire et pondre au printemps. Le choix de l’éclairage est aussi capital: les ampoules LED ou les éclairages au sodium valent mieux que les lampes traditionnelles.
En résumé, l’approche durable de la gestion territoriale du Grand Genève répond à de multiples obligations légales pour les deux Etats, qui impliquent une approche cohérente à l’échelle allant de la commune à l’agglomération. Concernant le financement, le partenariat prévoit que les deux pays collaborent.
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