Ecobilan du chocolat: peut mieux faire

Le cacaoyer est originaire d’Amazonie, où il pousse à l’ombre d’autres arbres.
Le cacaoyer est originaire d’Amazonie, où il pousse à l’ombre d’autres arbres.
Pierre Cormon
Publié mercredi 27 décembre 2023
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#Environnement La fabrication du chocolat a de nombreux impacts négatifs sur l’environnement, notamment lors de la culture du cacao. Une coalition d’acteurs suisses veut changer cela.

La mauvaise nouvelle: la production du chocolat, dans bien des cas, a des effets néfastes sur l’environnement, bien que ceux-ci varient énormément d’un cas à l’autre. La bonne nouvelle: de gros efforts sont consentis pour améliorer la situation. En Suisse, 75% des fèves de cacao utilisées en 2022 étaient d’origine durable, estime la Plateforme suisse du cacao durable, qui inclut aussi bien des organisations non gouvernementales que des Hautes écoles ou des entreprises. La plus grande partie de l’impact environnemental des produits alimentaires vient généralement de l’agriculture, et le chocolat ne fait pas exception. Le cacaoyer est originaire d’Amazonie, où il pousse à l’ombre d’autres arbres. Les modes de culture traditionnels reproduisent cette disposition.

Déforestation

Avec l’augmentation de la demande, on a visé la rationalisation. Des plantations ont été créées en plein soleil, en déforestant massivement. Environ 80% de la couverture forestière ivoirienne a par exemple disparu entre 1960 et 2010. La culture du cacao est considérée comme la principale responsable. On compense les moins bonnes conditions à force d’engrais et de pesticides. D’autres ingrédients du chocolat sont aussi pointés du doigt, tels que le soja. Au Brésil, principal producteur mondial, il est souvent planté sur des terres achetées à des éleveurs, qui ont été auparavant déboisées. La production d’huile de palme est également accusée de favoriser l’abattage de forêts.

Devant ce tableau, l’Union européenne obligera dès 2025 à prouver que le cacao ou le chocolat qu’on y importe n’est pas issu de la déforestation (lire en page 16). Le sucre, le lait et les différents produits qui peuvent entrer dans la composition du chocolat n’ont pas toujours non plus un bon bilan environnemental. Cadbury a ainsi calculé que, dans sa gamme, c’est la production de son chocolat blanc qui cause le plus d’émissions de gaz à effet de serre, à cause du méthane dégagé par les flatulences bovines.

Circuit long

La chaîne d’approvisionnement de l’industrie chocolatière est l’antithèse du circuit court. Elle comporte de nombreux transports, notamment par bateau et camion. Au pire, elle inclut des trajets en avion, comme c’est le cas pour l’approvisionnement de la boutique parisienne de la marque brésilienne Dengo, pourtant exemplaire à bien d’autres égards (lire en page 40). La fabrication et l’emballage ont également un impact, quoique moins élevé en moyenne. Une méthode pour évaluer les pratiques en matière sociale et environnementale des fabricants a été développée en collaboration par des entreprises, des ONG et des universités anglosaxonnes. La Suisse a encore du chemin à faire, si l’on en croit les résultats. La marque Halba (Coop) a obtenu le meilleur score. Les autres se situent dans la moyenne. «Le chocolat durable reste un doux rêve», conclut le WWF suisse.


Plateforme

Plus de quatre-vingts acteurs de la filière se sont réunis au sein de la Plateforme suisse du cacao durable Swissco (lire en page 26). On y trouve des Hautes écoles, des négociants, des fabricants (Barry Callebaut, Camille Bloch, Cailler, etc.), des détaillants (Coop, Aldi), des organisations non gouvernementales (WWF Suisse, Save The Children, etc.). Tous ont signé une déclaration d'intention qui définit dix objectifs stratégiques visant à promouvoir la durabilité sociale, environnementale et économique dans la chaîne du cacao. Cela passe par des partages de connaissances, des projets de terrain et des collaborations avec différentes entités situées à l’étranger (organisations internationales ou locales, publiques ou privées, etc.).


Objectif 100%

Trois quarts des fèves de cacao importées en Suisse en 2022 étaient d’origine durable, affirme ainsi la plateforme. L’objectif est d’atteindre 100% en 2030. Il ne s’agit cependant pas du seul élément à prendre en considération. Que le cacao soit cultivé de manière durable ou non ne change par exemple rien aux impacts environnementaux de son transport.

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