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Assouplir les conditions

Véronique Kämpfen Rédactrice en chef Publié vendredi 21 janvier 2022

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La crise sanitaire aura au moins permis une chose: dédramatiser la question du télétravail.

Contrairement à d’autres changements induits par la crise, il est probable que le télétravail se maintiendra, parce qu’il permet une meilleure conciliation des vies privée et professionnelle, une diminution du temps de transport et apporte, pour certaines tâches, un gain de concentration. Il devra néanmoins acquérir une certaine maturité, tant au niveau des collaborateurs que des cadres. Il se fonde sur la confiance, sur l’autonomie, sur la capacité à déléguer, à mettre en place des indicateurs de performance et de suivi, à garder une communication fluide, à maintenir les liens au sein des équipes. Ces éléments indispensables devront être thématisés et les personnes concernées formées.

Des contraintes formelles

s’ajoutent aux aspects organisationnels et managériaux. Pendant la crise, les Etats ont levé les restrictions qui encadrent le télétravail transfrontalier. Dès que la période d’exception sera arrivée à son terme, ces contraintes referont surface. Elles concernent l’assujetissement aux assurances sociales et le lieu d’imposition. Un résident en France travaillant en Suisse moins de 25% de son temps de travail sera assujetti aux assurances sociales suisses. S’il dépasse ce quota, il le sera à la sécurité sociale française, ce qui implique des charges beaucoup plus élevées pour lui-même et pour son employeur, ainsi que de lourdes contraintes administratives pour celui-ci. Au niveau de l’impôt, si la majorité des cantons connaissent une tolérance d’un jour de télétravail maximum par semaine, d’autres ont des régimes spéciaux, comme Genève, où la soumission au fisc français intervient dès le premier jour travaillé en France (consulter le guide Télétravail transfrontlier sur ferge.ch/x2de2e6).

Le sénat français

a ouvert la discussion sur ces questions. En attendant, à Genève, dès la fin de la situation exceptionnelle liée à la crise sanitaire, les entreprises ont intérêt à interdire le télétravail à leurs collaborateurs frontaliers si elles ne veulent pas se trouver confrontées à des situations administratives ubuesques. Le monde du travail et les aspirations des personnes qui le composent évoluent plus rapidement que le cadre législatif. Rigidifier les conditions de travail est néfaste, notamment dans des secteurs où règne une pénurie de main-d’œuvre et où il est indispensable de pouvoir offrir des conditions de travail attractives. Ne pas pouvoir le faire pour l’ensemble des collaborateurs, quel que soit leur lieu de résidence, est un réel problème. Un monde du travail dynamique requiert des conditions souples. Les entreprises doivent être en mesure de pouvoir y répondre. Donnons-leur-en la possibilité.

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