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Fi du carriérisme! L’accomplissement a la cote

Véronique Kämpfen Publié vendredi 22 septembre 2023

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Les attentes des employés face au monde du travail évoluent. Les entreprises ont tout intérêt à les prendre en considération, d’autant plus dans une période de pénurie de main-d’œuvre, où la concurrence pour attirer des personnes qualifiées fait rage. On note que les tendances post-matérialistes prennent de l’ampleur. Un salaire et un échelon hiérarchique élevés ne sont plus les buts ultimes d’une carrière. Faire montre d’une ambition dévorante n’est plus aussi glamour qu’à la fin du siècle passé. Dans les sociétés où la prospérité sociale a permis de satisfaire la plupart des besoins et des désirs fondamentaux, le statut social se définit moins par le revenu ou la fortune, mais davantage par l’accomplissement de soi. La Suisse semble être dans ce cas, et notamment ses jeunes de 18 à 25 ans, qui déclarent que leurs objectifs sont d’avoir un travail intéressant, de faire de la formation continue et de réussir à concilier vies professionnelle et privée. 
Une approche qui change du carriérisme qui avait la cote dans de précédentes générations, mais qui ne signifie cependant pas que les gens se détournent du travail. L’activité professionnelle reste un lieu d’épanouissement. Le salaire se maintient comme une composante importante de l’attractivité d’un poste, mais d’autres paramètres comme la flexibilité et la possibilité de s’organiser de manière indépendante ont pris de l’importance.
De plus en plus de travailleurs veulent participer, créer, s’épanouir, continuer à se développer. Ils cherchent un sens à leur activité et doivent en comprendre la finalité. Cela semble banal et pourtant, beaucoup se plaignent de procédures internes incompréhensibles et chicanières, qui nuisent à l’efficacité et à la productivité. Il est frustrant de s’entendre répondre à chaque proposition un peu originale cette phrase qui tue la motivation et la créativité dans l’œuf: «On a toujours fait comme ça». 
L’adaptation des entreprises doit avoir lieu non seulement sur un plan structurel, mais aussi culturel. Elles sont nombreuses à l’avoir fait avec succès. Elles montrent la voie et sont inspirantes pour les autres. Les organisations qui s’arc-boutent sur un schéma purement pyramidal, qui veut qu’en haut, on pense, et qu’en bas, on exécute, ont beaucoup à perdre. La tendance est à plus d’autonomie, à la co-création et à une prise de responsabilité plus large. Une utopie? Non, un changement de modèle qui fait du bien tant à l’entreprise qu’aux employés.

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