#Robotisation Les murs et le toit de l’entreprise sont en train de rétrécir. Les yeux du patron voient moins bien que ceux du robot. Mais ce dernier ne supprime pas forcément des emplois.
Produire quelques pièces ou davantage selon les commandes, c’est le casse-tête des chefs d’entreprise. Le numérique leur vient aujourd’hui en aide. Petite ou moyenne, l’entreprise du futur bougera dans tous les sens: automatisation, numérisation, organisation dans ses murs et dans son temps. «Il fut une époque où l’on visualisait une usine comme un peu sale. C’est une représentation culturelle. Il faudrait passer à l’image de demain, complètement différente», a expliqué en substance Xavier Comtesse lors du Digital Industry Day tenu cet été à Yverdon. La robotique et l’IA pourraient attirer les nouvelles générations. On parle aussi de micro-usines, capables de produire localement des objets uniques: c’est l’industrie 5.0.
Repenser la chaîne de production
De conception modulaire pour les mesures, l’usinage et la réalisation, ces unités misent sur le cloud, l’IA, les robots. «Charger sa pièce 3D et l’obtenir en quelques jours est désormais possible», s’est enthousiasmé Samuel Vuadens, CEO de Chiron Swiss SA et président de GIM-CH, le groupement suisse de l’industrie des machines. A l’intérieur de l’industrie manufacturière, la chaîne de production est repensée avec une transversalité inédite, y compris dans le passage rapide à des productions différentes. Une coopération étroite est indispensable entre les mécanos et les spécialistes du software. Huit petites machines peuvent sortir 175 000 platines pour l’horlogerie sur une trentaine de mètres carrés, avec une baisse notable de la consommation d’électricité. Inconvénient du système: ces outils novateurs n’utilisent pas forcément les mêmes normes d’une entreprise à l’autre.
Collaborer et coopérer
Dans les usines traditionnelles, la vision industrielle devient une spécialité en soi. Le robot ou la machine ne voit pas exactement les objets et les étiquettes comme l’œil humain. L’intelligence artificielle améliore ces yeux numériques, avec un bond significatif du contrôle qualité. «L’opérateur n’est pas obligatoirement un ingénieur. Il est cependant capable d’apprendre à la machine à reconnaître un niveau de qualité», a commenté Olivier Despont, Senior Product Marketing Manager chez Cognex Switzerland. L’algorithme n’applique pas de règles, il retient simplement des images et il en tient compte à des cadences qu’un contrôleur humain ne peut pas suivre. Un élément usiné peut varier sur sa surface, changer dans sa composition. L’opérateur humain ne cherche plus de défaut ordinaire, une tâche confiée au robot. Du coup, il a davantage de temps pour étudier des défauts imprévus.
Depuis 2017, Schott Suisse SA utilise des robots collaboratifs et coopératifs. Tout en observant un retour sur investissement assez rapide, le CEO Laurent Despont fait la distinction entre les machines travaillant simultanément avec l’humain et ceux œuvrant dans des temps différents. «Nous avons pu nettement augmenter notre chiffre d’affaires et engager de nouveaux vrais collaborateurs sans accroître la surface de nos locaux.» Avant de lancer le travail, la simulation en trois dimensions des processus autorise d’infinis réglages. Et le robot informatisé se voit alors lui-même sur l’écran numérique.
En autorisant les services tiers, vous acceptez le dépôt et la lecture de cookies et l'utilisation de technologies de suivi nécessaires à leur bon fonctionnement. Voir notre politique de confidentialité.