# L’IoT peut être utilisé pour diminuer notre impact sur l’environnement. Il peut aussi l’aggraver.
L’Internet des objets (IoT) est-il un accélérateur de développement durable? C’est ce que pense l’Association Suisse des Télécommunications (asut). Elle a consacré une conférence à ce thème le 30 mars à Berne. Sa conclusion, publiée avant même la tenue de l’événement, paraît cependant un peu hâtive.
L’IoT consiste à placer des capteurs sur des objets ou des êtres vivants pour mesurer différents paramètres. Un producteur de tomates peut par exemple l’utiliser pour savoir à quel moment exact il doit apporter de l’eau ou des nutriments à ses plantes, une usine hydroélectrique pour suivre en temps réel le niveau de ses lacs de retenue, un service de nettoyage pour être alerté quand des poubelles sont pleines.
Développement durable
Cette technologie peut avoir des répercussions considérables sur les trois piliers du développement durable. Côté social, elle peut par exemple être utilisée pour piloter les paramètres de santé. Une aciérie indienne a ainsi adopté une solution mesurant en temps réel le pouls des travailleurs, afin d’intervenir au cas où il s’emballerait, une solution fournie par une entreprise genevoise, Orbiwise. Des entraînements de vélo personnalisés peuvent être élaborés grâce à une solution basée sur des capteurs – une approche développée par l’entreprise alémanique Biketech.
Côté économique, l’IoT permet de rendre les processus beaucoup plus efficients: on peut par exemple suivre un container en temps réel ou anticiper la panne d’une machine afin d’intervenir de manière préventive. L’entreprise allemande Fraisa GmbH utilise l’IoT pour produire automatiquement des outils, y compris de nuit, dans un contexte où la main-d’œuvre qualifiée est très difficile à trouver.
Environnement
Côté environnemental, des capteurs peuvent rendre les flux d’énergie et de matière plus efficients. On peut par exemple piloter le chauffage d’un bâtiment public à distance, afin de diminuer la température lorsqu’il n’est pas occupé. Ou arroser des cultures seulement quand elles en ont besoin, en leur apportant la quantité d’eau minimale de manière à préserver les ressources hydriques. Il y a cependant un hic. L’IoT repose sur une infrastructure technique sophistiquée: capteurs, antennes, serveurs, interfaces utilisateur, etc. Sa construction n’est pas anodine pour l’environnement. Elle nécessite d’extraire des matières premières, de les transporter, de les transformer pour fabriquer des systèmes qui peuvent devenir rapidement obsolètes au vu de la rapidité de l’évolution technologique. Elle repose également sur de longues chaînes de production dont il n’est pas toujours facile de vérifier qu’elles respectent les droits sociaux.
Or, cet aspect est rarement pris en compte. On se concentre sur les gains permis par la technologie, pas sur les dégâts qu’elle est susceptible de causer en amont. Cela ne veut pas dire qu’elle soit mauvaise, mais que pour savoir si une application est bénéfique pour l’environnement, on ne peut pas se contenter de déterminer si elle permet d’économiser des ressources en bout de chaîne. Il faut prendre en compte son impact et celle de l’infrastructure sur laquelle elle repose, son cycle de vie, de l’extraction des matières premières à leur recyclage ou leur élimination. On trouvera parfois que le bilan est positif d’un point de vue social et environnemental. Parfois pas. Or, cette approche est encore trop rare.
Estimations complexes
Evaluer l’ensemble de l’impact environnemental d’une ap- plication est certes plus facile à dire qu’à faire. Ces estimations sont particulièrement complexes, et les données ne sont pas toujours disponibles. L’entreprise de construction Losinger Marazzi tente de le faire dans son domaine, pour avoir une vue globale de l’impact environnemental de ses activités. Son Chief Climate Officer a témoigné de la difficulté qu’il rencontre parfois à réunir les données nécessaires. Si l’on n’est pas en mesure d’effectuer des analyses complètes de cycle de vie, il faudrait donc s’abstenir de proclamer hâtivement telle ou telle technologie favorable à l’environnement. Du moins si l’on veut éviter de faire de l’écoblanchiment.
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