Engouement pour les Jeux européens du sport d’entreprise

En 2022, les Jeux européens du sport d’entreprise ont été organisés au Pas-Bas (Arnhem)
En 2022, les Jeux européens du sport d’entreprise ont été organisés au Pas-Bas (Arnhem) Photo ECSG
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 05 mai 2023
Lien copié

#Sport La Ville accueille une manifestation rassemblant près de dix mille personnes autour du thème du sport et du bien-être au travail.

Les 24èmes Jeux européens du sport d’entreprise se dérouleront du 14 au 18 juin prochain à Bordeaux. Unique en son genre, le concept rappelle, à son échelle, des événements d’envergure comme les Jeux olympiques. La manifestation est ouverte à tous les salariés ou indépendants, quel que soit leur âge, leur genre ou leur niveau sportif, qui peuvent s’inscrire pour une ou plusieurs disciplines. Ils y briguent des médailles non pas à titre individuel, mais pour leur entreprise.

Les cérémonies d’ouverture et de clôture officielles s’annoncent comme les temps forts des cinq journées d’épreuves variées et de partage d’expériences: elles réuniront plusieurs milliers de participants, qui défileront sous les couleurs et avec le drapeau de leur nation d’origine. «Nous sommes très impatients de vivre ce rendez-vous qui s’annonce à plusieurs égards historique», commence Gurvan Heuzé, directeur de la Fédération française du sport d’entreprise, qui a supervisé la manifestation de Bordeaux. «Tout d’abord, la participation, avec sept mille cinq cents concurrents inscrits, n’a jamais été aussi élevée. En comptant les accompagnateurs – collègues non participants, familles, amis – ainsi que les officiels et autres personnalités, Bordeaux devrait accueillir près de dix mille visiteurs durant ces cinq jours très festifs. Ensuite, quarante et une disciplines sont proposées, ce qui est remarquable par rapport à d’autres éditions qui n’en comptaient qu’une vingtaine», se réjouit-il.

Un événement médiatique

Le programme comprend à la fois des sports d’équipe et des sports individuels, répartis par catégories. L’important, pour revisiter la devise de Pierre de Coubertain, c’est de partager et de réseauter.

S’agissant de Bordeaux, l’effervescence a été telle que les inscriptions sont désormais closes et l’ont même été depuis quelques temps déjà pour certains sports, organisation oblige. «Il faut se rendre compte de l’importance de l’événement en soi. Il n’est pas courant de jouir d’une telle médiatisation sans être une star du sport et de pouvoir utiliser des infrastructures destinées à l’élite. Par exemple, lors d’une précédente édition, qui s’est déroulée à Athènes, les participants se sont mesurés dans le mythique stade olympique, avec tout le prestige que cela représente», raconte Gurvan Heuzé.

Organisés bien en amont, c’est-à-dire plusieurs années à l’avance, les Jeux du sport d’entreprise se déroulent dans une ville qui propose sa candidature et qui est ensuite désignée par vote durant ’assemblée générale de la Fédération concernée – européenne, en l’occurrence.

Charte du développement durable

La ville de Bordeaux a ainsi saisi l’occasion de mettre en valeur son patrimoine, reconnu par l’Unesco. Ces dernières années, la municipalité a fait un gros travail d’aménagement de ses sites sportifs et a déjà expérimenté des rassemblements de masse et de haut niveau. La région se prête ainsi particulièrement bien au cyclotourisme et s’est dotée d’un impressionnant stade nautique. De plus, les aspects conviviaux sont aussi compris dans ces joutes, puisqu’une initiation à l’œnologie est au rendez-vous.

«Nous savons que les visiteurs aiment prolonger leur séjour. Nous avons donc prévu toutes sortes d’animations, en particulier sur les quais de la Garonne», précise Gurvan Heuzé. Indirectement, les organisateurs profiteront aussi de tester, en grandeur nature, les détails d’une manifestation sportive internationale, en ayant dans un coin de leur tête l’organisation des Jeux olympiques d’été de Paris, en 2024. Deux ministres français – du sport et de la santé – devraient être présents lors des parties officielles.

L’autre aspect intéressant concerne les efforts de durabilité entrepris pour concilier sport et environnement: tout est prévu pour que les déplacements se fassent, sur place, en transports publics. Gestion des déchets, logistique et autres postes classiques des grands raouts estivaux sont aussi soumis aux règles de la charte de développement durable signée par Bordeaux. 


Quand les entreprises s’emparent du sport, si bon pour la santé

Des initiatives qui aident à diminuer l’absentéisme et à accroître le bien-être des collaborateurs.

D’un point de vue général, les manifestations sportives d’entreprise illustrent l’engouement actuel du thème sport et santé au travail. Un mouvement qu’il faut voir au sens large, reflétant des préoccupations grandissantes autour de sujets proches ou liés, qui aboutissent à des résultats gagnant-gagnant. Ces initiatives aident à diminuer l’absentéisme au sein des entreprises et à accroître la satisfaction des collaborateurs. C’est à l’interne un moyen d’inclusion et, à l’externe, d’amélioration de la réputation des entreprises.

Les nouvelles générations les attendent beaucoup sur ce terrain. Ce sont souvent les services des ressources humaines ou des activités sociales et environnementales qui s’en saisissent. Même si la prise de conscience est répandue, les pistes concrètes pour définir la bonne stratégie à choisir en fonction des paramètres de la structure concernée ne sont pas toujours faciles à trouver. Diverses entreprises consultées avancent les bénéfices suivants:

  • favoriser un sentiment de bien-être au travail;
  • optimiser la pause de midi;
  • permettre du team building;
  • encourager la transversalité;
  • renforcer la cohésion d’entreprise;
  • cultiver l’identification à l’entreprise;
  • intégrer plus rapidement les nouveaux collaborateurs;
  • augmenter le taux d’engagement;
  • se positionner comme un employeur responsable; l renvoyer une image positive de la marque employeur;
  • diminuer le taux d’absentéisme;
  • cumuler sport et engagement solidaire.

La FER Genève a testé

Avec quelque quatre cents collaborateurs, la FER Genève a pris conscience, ces dernières années, des bénéfices qu’apporte l’intégration du sport comme outil dans sa politique du personnel. Que ce soit en proposant des défis ponctuels à relever, comme le Global Challenge, qui a permis en 2018 à cent quatre-vingt-un collaborateurs de cumuler des kilomètres en marchant ou en courant, ou le Bike to work, qui mise sur l’engagement pris de se rendre au travail à vélo pendant un mois, ces initiatives ont eu beaucoup de succès. «Le timing était parfait, car auparavant, je manquais de motivation et cela m’a permis de me tester et de continuer durant la belle saison», résume une collaboratrice.

Des entraînements spécifiques sont aussi proposés pour préparer la Coupe de Noël, avec des séances de natation aux bains des Pâquis pendant la pause de midi. Et en participant à la course Vivicittà cette année, la pratique du sport a été associée à un engagement solidaire. Depuis quelques années aussi, l’opération interne Partage ton sport permet à un collaborateur de faire découvrir par la pratique son activité favorite aux collègues curieux. Ces séances sont réparties en fonction de l’offre (environ une par saison). En outre, la FER Genève facilite l’organisation de cours sur site pendant la pause de midi, comme du Pilates ou du coaching sportif. Le département social et environnement cite plusieurs événements auxquels participeront les collaborateurs de la FER Genève dans les mois à venir: Bike to work, Company cup de Nyon, Coupe de Noël et course de l’Escalade, notamment.


Une toute jeune fédération proactive

C’est un tandem, Steve Marsden et Martino Guzzardo, qui a eu l’idée de lancer une fédération à l’échelle suisse s’intéressant au sport en entreprise: la Swiss Active Workplaces (Saw). Celle-ci a été lancée formellement en 2022, avec un peu de retard dû à la pandémie et à ses suites.

La mission de la Saw est double. Premièrement, communiquer sur les bonnes pratiques et les bénéfices concernant l’activité physique, le sport et le bien-être liés au monde du travail. Deuxièmement, apporter son support, au besoin, aux entreprises qui veulent adopter une stratégie en ce sens, mais qui ne savent pas comment le faire. Pour les convaincre, les deux dirigeants ont des arguments de poids, étayés par des enquêtes scientifiques: «Il est aujourd’hui prouvé que l’on peut agir positivement sur le turn over et l’absentéisme, ainsi qu’améliorer la productivité en offrant aux collaborateurs des opportunités d’être moins sédentaires. Les entreprises ont donc tout à gagner en mettant sur pied des programmes incitatifs», résume Steve Marsden, qui est aussi directeur du Green-Club, un centre sportif situé à Romanel-sur-Lausanne.

Dans cette optique, la thématique du sport d’entreprise doit être considérée au sens large. Elle s’attache à l’ensemble de l’environnement du lieu de travail. Par exemple, elle s’intéresse au degré de satisfaction du personnel, quelle que soit la position hiérarchique, à la responsabilité sociale des entreprises et à toute question susceptible d’influencer la santé physique et mentale des collaborateurs.

Nationale et ouverte

La Fédération se présente comme un réseau qui s’étend à l’échelle suisse et internationale. Outre son rôle de promotion du sport et de l’activité physique, elle a également rejoint la Fédération européenne du sport d’entreprise, en lien avec la World Federation of Company Sports.

Ainsi, la Saw participe à un projet européen Erasmus, lancé il y a quatre ans, qui veut enrichir la doctrine dans ce domaine. Avec vingt-huit entreprises pilotes venant de sept pays d’Europe, la fédération et une vingtaine d’experts se sont mis d’accord pour identifier les principes et les conditions d’une certification. Ce projet est encadré par la Fédération européenne du sport d’entreprise. Pour le promouvoir, les dirigeants de la Saw précisent qu’il n’est pas nécessaire d’investir dans des plans onéreux. Il existe souvent des solutions créatives, nées des partages d’idées. Par exemple, les acteurs privés et publics peuvent trouver des intérêts communs à réunir leurs forces. Il peut s’agir de mise à la disposition de leurs collaborateurs d’infrastructures existantes - fitness ou piscines, par exemple -, par le biais d’abonnements à prix réduit. «Le chemin pour aboutir à ce processus prime sur le label», commente Martino Guzzardo.

Dans l’idéal, il faut adopter des approches plus souples concernant les horaires et les conditions d’accès de parcs publics ou de salles privées pour permettre aux employés concernés de profiter d’une offre ciblée. «Les changements d’habitudes, depuis la pandémie, ont eu une influence sans doute durable sur les envies des actifs en ce qui concerne la possibilité d’inclure de l’exercice dans leur journée de travail», commente Steve Marsden.

La stratégie de développement de la Saw s’appuie sur des événements à forte retombée médiatique, comme les prochains Jeux européens du sport d’entreprise qui se dérouleront à Bordeaux, ou les World Company Games, prévus pour la première fois au Mexique en décembre 2023. En parallèle, ses dirigeants s’occupent d’un nouveau programme à l’échelle européenne, move@work.

A travers des rencontres, des événements, ou des focus-groupes, la Saw est déjà en mesure de proposer un riche agenda.


Un dynamisme sportif qui donne des ailes

Des PME actives dans l’accompagnement et le conseil se multiplient.

De plus en plus d’entreprises investissent dans la promotion du sport pour leurs collaborateurs et le font à travers leurs services des ressources humaines ou de départements spécifiques, selon les cas et les moyens. Quant à l’offre, elle dépend à la fois de l’imagination des organisateurs, mais aussi des moyens et des buts fixés.

A ce titre, les PME positionnées dans l’accompagnement et le conseil aux entreprises de toute taille fleurissent. Activ’Santé, par exemple, est une PME genevoise qui s’est spécialisée dans ce créneau pour étoffer la palette de son offre généraliste, assurée par des professionnels du mouvements, comme des kinésithérapeutes ou des physiothérapeutes. «Notre approche se veut holistique. Nous avons récemment identifié des besoins en augmentation du côté des entreprises», confirme Anthony Bouchain, directeur d’Activ’Santé. Ses équipes se déplacent selon les besoins particuliers des clients, soit à leur demande, soit après une approche proactive. Les solutions proposées tiennent toujours compte du contexte global. Par exemple, si l’activité professionnelle implique des conditions de manutention dans un environnement exigeant, l’accent sera mis sur la préparation musculaire, le stretching et la récupération physique. Il s’agit, bien sûr, d’éviter les accidents de travail, mais aussi de renforcer l’esprit d’équipe et la motivation. Pour d’autres clients, l’accent sera mis sur la préparation de collaborateurs préparant un défi de groupe.

En prenant du recul, Anthony Bouchain observe un changement des habitudes depuis la pandémie. «Auparavant, l’idée d’englober la pratique du sport dans un univers professionnel était l’apanage des multinationales, surtout de culture anglo-saxonne. Aujourd’hui, on sent monter une prise de conscience autour de la popularité de ces thématiques. L’an dernier, le nombre de demandes provenant d’entreprises clientes a doublé chez nous», conclut-il.

Les événements fédérateurs du sport d’entreprise, en effet, se multiplient: à pied ou à vélo, Tour du canton de Genève, Escalade ou Coupe de Noël sont très courus. Les bénéfices dépassent presque toujours le cadre de la manifestation et on voit des coups d’essai se pérenniser. En 2019, la première édition de la Company Cup Swiss a rassemblé mille cinq cents participants représentant plus de quatre-vingts entreprises helvétiques. Le rendez-vous pour la troisième édition, le 8 juillet prochain, est déjà pris.

insérer code pub ici