L’apprentissage, un tremplin qui peut propulser au sommet
Pierre Cormon
Publié vendredi 26 août 2022
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#apprentissage A trente ans, les anciens apprentis ayant poursuivi leur formation gagnent davantage que les universitaires, et les compétences développées en apprentissage peuvent servir toute la vie.
Président de la Confédération, d’une entreprise pharmaceutique, chercheur en microbiologie, directrice dans une multinationale, directeur de l’Administration fiscale cantonale, parlementaire, cheffe d’entreprise: ces postes ont été ou sont occupés par d’anciens apprentis. «Combiner un certificat fédéral de capacité (CFC) et une maturité professionnelle donne accès à tous les débouchés, moyennant une passerelle pour certaines formations supérieures», remarque Laurent Baechler, responsable des cours interentreprises et formation professionnelle à la Fédération des Entreprises Romandes Genève, qui a lui-même débuté sa carrière par un CFC de cuisinier. L’apprentissage est en effet une voie exigeante. Choisir une profession nécessite un travail sur soi, que les étudiants académiques n’ont pas à effectuer. «Chaque formation nécessite également des aptitudes particulières, qui ne sont pas forcément valorisées à l’école», souligne Damien Berthod, directeur du Service de l’information scolaire et professionnelle de l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue du canton de Genève (OFPC).
Une agente relation client doit avoir de l’entregent et savoir gérer les conflits, un charpentier avoir une bonne représentation de l’espace, une logisticienne être capable d’évaluer des volumes en un coup d’œil, un cuisinier de gérer le stress et de s’occuper de plusieurs choses à la fois, etc.
Mûrissement précoce
Enfin, les apprentis sont plongés jeunes dans le monde du travail et des adultes, ce qui les pousse à mûrir plus vite et à assimiler très tôt des notions telles que le respect des délais, l’approche client et la ponctualité. «Un élève qui arrive régulièrement en retard à l’école risque des remontrances, un apprenti qui arrive régulièrement en retard au travail risque son poste», résume Frank Sobczak, directeur du département de la formation de la FER Genève et ancien apprenti de commerce.
Trois quarts des apprentis s’arrêtent à l’attestation fédérale de formation professionnelle ou au CFC (deux tiers à Genève). Ils ont alors d’excellentes perspectives d’emploi, qui varient cependant selon les branches. Les autres utilisent l’apprentissage comme un tremplin. Ils enchaînent avec une maturité professionnelle, qui leur donne accès à des formations tertiaires. «Une ferblantière-installatrice sanitaire peut devenir technicienne ES (école supérieure - ndlr) en énergie et environnement, un assistant en soins et santé communautaires peut devenir ambulancier, et une charpentière peut devenir technicienne ES bois», illustre Karin Petitdemange Niederhauser, directrice du service de la formation professionnelle à l’OFPC.
Entrée directe
Contrairement aux titulaires de maturités gymnasiales, ceux de maturités professionnelles peuvent entrer directement dans les Hautes écoles spécialisées. Ils peuvent aussi étudier dans les universités au prix d’un examen complémentaire – s’ils sont rares à le faire, leur nombre croît. La part d’étudiants titulaires d’une maturité professionnelle ou spécialisée a ainsi triplé à l’Université de Genève entre 2011 et 2021 – ils forment maintenant 2,4% du total des étudiants.
«La formation continue, qu’elle soit attestée ou certifiante, est un puissant levier de promotion sociale», commente Patrick Rywalski, maître d’enseignement à la Haute école fédérale en formation professionnelle.
Salaires élevés
A l’âge de 30 ans, les anciens apprentis qui se sont arrêtés au CFC gagnent en moyenne moins bien que les universitaires du même âge. Ceux qui ont enchaîné avec une maturité professionnelle et une formation professionnelle supérieure gagnent en revanche davantage que les universitaires. «Comme ils ont commencé à gagner leur vie plus tôt, leurs gains cumulés sont plus élevés», ajoute Laurent Baechler. Le marché du travail reconnaît visiblement la valeur de la filière apprentissage.
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