L’arc lémanique plébiscite ses multinationales

Gilbert Ghostine, président de Sandoz, Rahul Sahgal, directeur Chambre de commerce Suisse-USA, Nathalie Fontanet, Conseillère d’Etat et Ivan Slatkine, président FER Genève.
Gilbert Ghostine, président de Sandoz, Rahul Sahgal, directeur Chambre de commerce Suisse-USA, Nathalie Fontanet, Conseillère d’Etat et Ivan Slatkine, président FER Genève.
Pierre Cormon
Publié vendredi 19 septembre 2025
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#Etude Une étude montre que les habitants de l’arc lémanique ont globalement une opinion positive ou très positive de la présence des multinationales.

L’apport des multinationales à l’économie lémanique est bien documenté: il a notamment fait l’objet d’une étude l’an dernier. Mais qu’en pensent les habitants? Personne ne le leur a demandé. C’est désormais chose faite, avec une étude commandée à l’Institut MIS Trend par le Groupement des Entreprises Multinationales (GEM), basée notamment sur un sondage auprès de sept cent trois personnes. Résultat: trois quarts des sondés ont une opinion positive ou très positive de leur présence – contre 14% en ayant une opinion peu ou pas positive. Les appréciations favorables dominent aussi bien chez les personnes qui penchent à droite qu’à gauche que chez celles qui se disent apolitiques.

Emploi

C’est notamment le rôle des multinationales en matière d’emploi qui est souligné par les sondés, ainsi que la notoriété et le gain d’image qu’elles apportent à la région. Leur apport aux finances publiques retient moins l’attention: il n’est cité spontanément que par 18% des personnes jugeant positivement leur présence. Cet apport est pourtant considérable. Près de deux tiers des recettes fiscales genevoises sont dues directement ou indirectement au secteur international (multinationales, ONG, organisations internationales, sous-traitants locaux, etc.), a calculé l’étude publiée l’an dernier, menée par plusieurs hautes écoles à la demande de la Fondation pour Genève.

Préoccupations

Quelques points négatifs apparaissent cependant: trois quarts des sondés estiment que la présence des multinationales joue un rôle dans l’augmentation du prix des logements et 70% dans l’augmentation des problèmes de mobilité. Des préoccupations auxquelles le GEM compte répondre dans sa communication.

«Ces résultats montrent que la population a pleinement conscience de l’apport essentiel des multinationales», estime François Rohrbach, président du GEM. «Nous disposons de bases solides pour sensibiliser la population et les élites à certains enjeux». Quatre thèmes préoccupent particulièrement l’organisation.

  • La main-d’œuvre Le secteur international ne peut prospérer qu’en ayant accès à une main-d’œuvre qualifiée. «L’arc lémanique doit continuer à attirer les meilleurs talents internationaux, tout en développant les compétences locales», résume François Stettler, vice-président du GEM. Il faudra le garder à l’esprit au moment de voter sur l’initiative de l’UDC voulant limiter la population suisse à dix millions, ainsi qu’au troisième paquet d’accords bilatéraux avec l’Union européenne. L’acceptation de l’une ou le refus de l’autre pourrait grandement fragiliser le secteur international et tous ceux qui en dépendent localement.
     
  • La responsabilité sociale et environnementale «La compétitivité, l’attractivité et la responsabilité ne s’opposent pas, elles se complètent», estime Olivier Straub, vice-président du GEM, responsable de la commission affaires publiques. Encore faut-il trouver le meilleur dosage. Le GEM soutient donc sans réserves le Conseil fédéral, qui a décidé d’opposer un contre-projet indirect à la nouvelle initiative sur les multinationales responsables, déposée ce printemps. Le GEM prône l’adoption d’obligations légales en la matière, calquées sur celles de l’Union européenne. Pas des règles plus sévères, comme celles que propose l’initiative.
     
  • Aménager la fiscalité La Suisse a longtemps joui d’un avantage compétitif en matière de taxation des multinationales en leur accordant des avantages fiscaux. Ce n’est plus le cas depuis qu’elle a mis en œuvre une règle internationale préconisant une taxation d’au moins 15% des bénéfices. La taxation des multinationales a depuis augmenté de manière significative. «Elle ne permet plus de compenser d’autres désavantages, comme les coûts élevés», constate Pierre de Pena, vice-président du GEM, responsable de la commission fiscalité. Le GEM recommande donc de compenser la disparition de cet avantage par des outils favorisant la recherche et développement, à l’exemple de Bâle-Ville et de Lucerne. Ces deux cantons travaillent à la mise en place de mécanismes leur permettant de prendre en charge une partie des dépenses en recherche et en personnel des entreprises, dans certains secteurs jugés prioritaires. Ils seront accessibles à tous les types d’entreprises, quelle que soit leur taille. Le coût de ces mécanismes sera quoi qu’il en soit moindre que les recettes fiscales supplémentaires apportées par les multinationales et, notamment, le secteur du négoce, ces dernières années, souligne Pierre de Pena.
     
L’accès aux marchés étrangers Une multinationale, par définition, est active sur de nombreux marchés. Elle a besoin de relations stables entre les pays où elle déploie ses activités. «Il faut renforcer les traités de libre-échange et nos accords bilatéraux avec l’Union européenne», plaide Larissa Robinson, secrétaire générale du GEM. 

GEM, qui est-tu?

Le Groupement des Entreprises Multinationales (GEM) compte cent cinq membres, suisses et étrangers, établis dans l’arc lémanique. Ils sont tous actifs sur au moins deux continents et réalisent chacun un chiffre d’affaires global de plus de cent millions de francs suisses. Le GEM se consacre à la défense de conditions cadre favorables à l’innovation, à la compétitivité et à l’ancrage durable des multinationales en Suisse.

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