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L'art a toute sa place dans l'économie

Véronique Kämpfen Rédactrice en chef Publié vendredi 07 juillet 2023

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C’est au début du XIXème siècle que le philosophe Hegel définit cinq arts. Sa classification se fondait sur l’expressivité et la matérialité.

Ce classement, toujours en vigueur aujourd’hui, fit de l’architecture le premier art, en raison de sa forte matérialité, suivi de la sculpture, la peinture, la musique et la poésie, ce cinquième art ne nécessitant quasiment aucun matériel, pour un maximum d’expressivité. Hegel jugeait que sa liste était exhaustive, disant à son propos: «Ces cinq arts forment le système déterminé et organisé des arts réels. En dehors d’eux, il existe, sans doute, encore d’autres arts, l’art des jardins, etc. Mais nous ne pourrons en parler que d’une manière occasionnelle».

D’autres définitions préexistaient, comme celle d’Emmanuel Kant qui, à la fin du XVIIIème siècle, déterminait trois arts, soit les arts plastiques, oratoires et des sentiments ou sensations, alors que la Grèce antique avait attribué neuf expressions artistiques à neuf muses, chiffre significatif, puisqu’au fil du temps, le nombre d’arts standardisé est passé des cinq premiers définis par Hegel à neuf. Dans l’ordre, se sont ajoutés les arts de la scène, le cinéma, les arts médiatiques et la bande dessinée.

Les évolutions technologiques ont fortement contribué à augmenter la palette d’expression artistique, et continuent à le faire. C’est ainsi qu’a vu le jour un dixième art: les jeux vidéo.

L’art, en s’étendant à de nouveaux horizons, garde certaines composantes caractéristiques. Parmi celles-ci, son lien avec l’économie. Depuis l’Antiquité, l’art fait l’objet d’un marché. Pendant longtemps spéculatif, il s’est, avec l’essor de la chrétienté, davantage basé sur la commande, pour devenir ensuite de plus en plus protéiforme. Aujourd’hui, le marché de l’art pèse lourd. Selon le rapport annuel The Art Market 2023 d’Art Basel et d’UBS, il se serait monté à 67,8 milliards de dollars en 2022.

Les artistes sont souvent des entrepreneurs et des indépendants. En Suisse, il est difficile de vivre uniquement de son art, pourtant de nombreux exemples positifs existent. Ils sont inspirants, tout comme l’est le dynamisme des Hautes écoles helvétiques dédiées à la création artistique, dont le succès ne se dément pas.

Avec des courants artistiques en constante mutation, des artistes qui savent mettre à profit les évolutions technologiques et des acheteurs de plus en plus diversifiés, l’art est un pan non négligeable des activités économiques. Les tendances actuelles comme la popularité croissante de l’art urbain, la demande pour les arts asiatiques et africains ou l’attention portée aux artistes émergents témoignent de la vivacité de cette branche d’activité.