L’entreprise qui s’est fait une place au soleil

Le parc photovoltaïque du Mont-Soleil était le plus grande d’Europe à sa création.
Le parc photovoltaïque du Mont-Soleil était le plus grande d’Europe à sa création. Mike Lehmann.commons.wikimedia.org
Pierre Cormon
Publié jeudi 06 juin 2024
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#Visite d'entreprise Le parc photovoltaïque du Mont-Soleil, dans le Jura suisse, s’est ouvert dès l’origine aux visiteurs, afin de présenter un secteur alors méconnu.

La plus grande centrale photovoltaïque d’Europe, au début des années 1990? Elle ne se trouvait ni en Allemagne ni en Espagne. C’était la centrale du Mont-Soleil, dans la commune de Saint-Imier (Jura bernois). Créée en 1992, elle a été flanquée d’un champ d’éoliennes en 1996. Ces installations sont exploitées par deux sociétés dont l’actionnaire majoritaire est le distributeur d’énergie bernois BKW.

Les deux parcs ont été ouverts aux visites dès le début. «Ces technologies étaient encore mal connues, certains en avaient un peu peur», raconte Pierre Berger, responsable des visites du site.

Le tour commence par une présentation de vingt à trente minutes, qui s’appuie sur des technologies 3D. On se rend ensuite sur les champs de panneaux et d’éoliennes. C’est l’occasion de parler de l’évolution du secteur. «Le gros du parc est constitué des panneaux d’origine, qui venaient des Etats-Unis», remarque Pierre Berger. «A l’époque, c’était là que se trouvait le seul fabricant capable de les fournir dans les quantités et les délais voulus.» A côté, un centre d’essai permet de tester des panneaux de fabricants suisses, allemands, étasuniens, japonais, chinois. «Ce sont souvent eux qui nous les envoient, car le centre est très connu dans le milieu», précise Pierre Berger.

Le facteur météo

Les deux parcs ont produit 93 GWh en 2023, soit la consommation d’environ vingt-deux mille ménages ou 3,4% de la production de la Grande Dixence. Ces installations ne sont cependant pas comparables. Alors que la Grande Dixence produit son électricité exactement quand on en a besoin, les panneaux solaires et les éoliennes le font quand la météo le permet.

La visite est donc l’occasion de parler des techniques du stockage de l’électricité et de leurs limites. Le pompage-turbinage est parfaitement au point, mais onéreux, et son potentiel de développement est limité en Suisse. La transformation de l’électricité en hydrogène, puis éventuellement en méthane, méthanol ou ammoniaque en est encore au stade des projets-pilotes. L’EPFL mène aussi des recherches sur la possibilité de stocker l’énergie sous forme d’air comprimé.

Votation

Des questions d’autant plus importantes que l’on vote régulièrement sur des sujets énergétiques. Ce sera le cas ce week-end, au niveau national, mais aussi à Saint-Imier. Les citoyens devront autoriser (ou non) l’extension de la centrale solaire. «Les nouveaux panneaux seront placés à 2,5 mètres de hauteur pour laisser le bétail passer en dessous», explique Pierre Berger. «Une étude est actuellement menée par l’Ecole Technique de Zollikofen pour déterminer si leur ombre permettra d’augmenter la production de fourrage.» Des portes ouvertes ont été organisées les 18 et 19 mai, afin de permettre à tout un chacun de mieux connaître la centrale.

Le site reçoit entre sept et neuf mille visiteurs par année. «Nous accueillons aussi bien des enfants que des retraités», remarque Pierre Berger. Si les profils sont variés, deux catégories sont particulièrement représentées: les écoles, qui réservent 40% des visites, et les Alémaniques, qui constituent 70% des visiteurs. «Je crois qu’ils ont une sensibilité plus développée pour ces questions», avance Pierre Berger.

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